Chine: la lente agonie de l’ex-Guangzhou Evergrande football club
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Le Guangzhou Evergrande était l’une des plus grandes équipes de football en Asie il y a dix ans. Aujourd’hui, rebaptisé Guangzhou football club - le club de Canton - il lance un appel aux dons et se voit obligé de vendre t-shirts et autres produits pour tenter de récolter des fonds.
De notre correspondant à Pékin,
Depuis le 22 janvier, le Guangzhou football club essaie de sauver les meubles en vendant des goodies sur les réseaux sociaux avec grosse musique et vidéos de promos sur Douyin, la version chinoise de TikTok. Des ventes en lignes de t-shirts dédicacés et même de trophées remportés par l’équipe il y a quelques années, avec ce mardi par exemple, la mise en location de l’une des trois « Super Cup » décrochées par le club, proposée à 50 000 yuans pour un an de prêt (environ 6 500 euros). On parle bien ici de l’ex plus grand club chinois qui a fait rêver toute la Chine.
Le Guangzhou Evergrande, c’est huit super League consécutives. Le club de Canton a surtout été deux fois Champions d’Asie (AFC), ce qui a déclenché à l’époque des rêves de Coupe du monde au plus haut niveau de l’état, puisque les médias ici disent le président chinois fan du ballon rond. Mais il y a eu depuis la faillite du géant immobilier Evergrande, qui croule sous une dette équivalente au PIB de la Finlande et a dû se séparer de son activité football. Résultat : le Guangzhou Evergrande est redevenu le Guangzhou football club. Il est lui-même au bord de la faillite et la tombola sur les réseaux ne sera probablement pas suffisante.
« Le Guangzhou Evergrande s’éteint »
Une partie des supporters semble croire que la faillite est proche. À Meizhou, dans le sud-est de la Chine, monsieur Deng est un fidèle du club. Aujourd’hui, il s’accroche surtout à ses souvenirs : « Ce ne sont pas quelques centaines de milliers de yuans qui vont pouvoir effacer une dette qui s’élève à plusieurs dizaines de millions. Ce n’est pas assez, mais bon. On est au bord de la dissolution, on essaye tout ! Il faudrait parvenir à un accord avec les joueurs qui ne sont pas payés. Leur fournir des perspectives, avoir un plan de développement. Le Guangzhou Evergrande s’éteint, mais il nous reste les souvenirs. Xu Jiayin a inauguré un âge d’or qui a amené de nombreux fans au club. On n’oubliera jamais des joueurs comme Talisca, Muriqui, Paulinho. »
Ça va être difficile de sauver le club sachant que les achats en directs de ces derniers jours ont permis de réunir trois millions de yuans (un peu plus de 386 000 euros), ce qui représente seulement un dixième de la somme que représentent les salaires impayés des joueurs. Et si les salaires ne sont pas payés, c’est la dissolution pour un club qui encore une fois n’est plus que l’ombre de lui-même.
On se souvient que Xu Jiayin, le patron d’Evergrande versait deux millions de dollars par but à Lucas Barrios, le footballeur argentin naturalisé paraguayen. Il avait les moyens de faire venir des joueurs étrangers avant le Covid. Sur l’écusson du club, on voit toujours un ballon et un tigre sortir des flammes avec ce slogan en anglais « Be the best forever » (être toujours au top). Or aujourd’hui, l’équipe de Guangzhou joue en deuxième division avec des joueurs encore étudiants à l’école de football, dont le plus âgé à 25 ans.
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