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La «guerre civile» au Texas vue par les réseaux sociaux chinois

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En Chine, la désinformation se répand sur la « guerre civile » dans l’État américain du Texas. Alors que la bataille sur la question de l’immigration se poursuit entre la Maison-Blanche et le gouverneur du Texas, Greg Abbott, un débat en parallèle a lieu en Chine sur les réseaux sociaux.    

Le gouverneur du Texas, Greg Abbott, lors d'une conférence de presse le long du Rio Grande pour discuter de l'opération Lone Star et des problèmes frontaliers, le dimanche 4 février 2024, à Eagle Pass, au Texas.
Le gouverneur du Texas, Greg Abbott, lors d'une conférence de presse le long du Rio Grande pour discuter de l'opération Lone Star et des problèmes frontaliers, le dimanche 4 février 2024, à Eagle Pass, au Texas. © AP - Eric Gay
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De notre correspondant à Pékin,

En Chine, ce n’est pas le hashtag #Texit (sur le modèle du Brexit) qui fait fureur comme aux États-Unis, mais celui de #德克萨斯州宣布进入战争状态, que l’on peut traduire en français par « #LeTexasDéclareLaGuerreCivile ». Les réseaux sociaux chinois sont revenus largement ces derniers jours sur les déclarations des autorités américaines chargées du contrôle aux frontières, selon lesquelles 6,3 millions de personnes sont entrées illégalement aux États-Unis depuis 2021. Plus de 250 000 d’entre elles auraient tenté leur chance le mois dernier.

Ce qui a été qualifié « d’invasion » par le gouverneur du Texas, Greg Abbott. Ces déclarations ont entrainé une avalanche de posts sur les réseaux sociaux en Chine, avec cette fake news sur le retour de la « guerre civile » aux États-Unis.

« Autodestruction de l’Amérique »

Cette fausse information a d’abord été relayée par des gros comptes sur le réseau chinois Weibo. Un phénomène repéré la première fois jeudi 1er février par Whenhao Ma, un spécialiste de la propagande chinoise sur Voice Of America. Et notamment un compte qui a plus de 1,2 million d’abonnés, qui a mélangé volontairement la réalité et la fiction : « si les États-Unis repoussent vraiment le Texas, alors ce sera très amusant », a déclaré l’utilisateur dans des propos traduits par Newsweek. Et d’ajouter : « j’espère que les deux camps ne seront pas lâches et qu’ils se battront jusqu’au bout ». Et puis, il y a sous ces posts, là encore, de très nombreux commentaires. « Les internautes applaudissent à ce qu’ils appellent l’autodestruction de l’Amérique », note Wenhao Ma.

D’anciennes vidéos de Fox News ont également circulé, montrant des milices d’auto-défense aux États-Unis en tenues de camouflage pour défendre les frontières américaines. Des images aussi de chars chiliens attribués au Texas, dans une vidéo qui a été vue plus de 49 000 fois, constate la BBC

 

« Mur des lamentations »

La fausse information est bien censurée. Sous les posts liés au hashtag #德克萨斯州宣布进入战争状态 sont supprimés. C’est là que la Chine est différente du voisin Russe. Vendredi, l’ancien président russe Dimitri Medvedev a émis l’hypothèse que les États-Unis pourraient bientôt « tomber dans l’abîme » d’une guerre civile encore plus meurtrière, disait-il, que la guerre de Sécession entre 1861 et 1865.

Pas de censure côté russe, alors qu’en Chine, le ménage a été fait sur les réseaux, même si ces termes de « guerre civile » reviennent régulièrement ici à propos des États-Unis, c’était déjà le cas lors des émeutes du Capitole en janvier 2021. Et puis les censeurs se méfient de l’effet boomerang.

Car, on a vu sous ces fake news, des internautes chinois raillant les médias d’État qui « ne couvrent que l’actualité des pandas dans leur réserve ». « Même si les États-Unis sont plongés dans une guerre civile, cela n’empêche pas leur marché boursier de continuer à atteindre des sommets », écrivait ainsi l’un des utilisateurs en faisant allusion à l’effondrement des Bourses chinoises ces derniers jours. Certains internautes n’hésitant pas à transformer le compte Weibo de l’ambassade américaine en Chine en « mur des lamentations » après la chute des cours.

Un article publié vendredi sur la protection des girafes sauvages par l’ambassade des États-Unis à Pékin a ainsi suscité plus de 130 000 commentaires et 15 000 republications dimanche, explique Reuters. « Pourriez-vous nous épargner quelques missiles pour bombarder la Bourse de Shanghai », lit-on dans un commentaire. L’indice composite de Shanghai a chuté de 6,3 % le mois dernier, atteignant son plus bas niveau depuis cinq ans.

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