Afghanistan: l’ONU prolonge sa mission d’assistance envers et contre tout
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Malgré les mesures de plus en plus rétrogrades prises par les autorités talibanes, le mandat de la Mission d'assistance des Nations unies en Afghanistan (Manua) vient d’être étendu jusqu’en mars 2025.

« Indispensable. » C'est le mot qui revient chez les diplomates malgré le mépris affiché par les talibans, qui restent dans leur couloir. Il y a quelques mois, le dernier rapport remis à l'ONU par l’ancien patron de la diplomatie turque Feridun Sinirlioglu évoquait bien « l’impasse politique » afghane en matière d’égalité des droits.
Mais les Nations unies s'accrochent à leur stratégie : en échange de la distribution d'aide humanitaire, gagner la confiance des acteurs politiques et les convaincre d'adopter une approche plus inclusive, en insistant sur la place des femmes dans la société. Les plus optimistes restent convaincus qu'ils vont y arriver et que la Manua, organe de terrain, avec ses onze bureaux régionaux disséminés un peu partout sur le territoire afghan, a le format idéal.
Face à eux se dresse pourtant le mur de la réalité. Un million et demi de fillettes restent exclues de l'enseignement secondaire, les talibans n’ont fait aucune concession concrète et les libertés publiques régressent, toute empreinte féminine ayant disparu de l'espace public.
Résister
Par ailleurs, l'administration talibane qui avait promis l'amnistie aux fonctionnaires du régime précédent, n'a pas tenu parole ou ne tient pas ses troupes, puisque des centaines d'arrestations arbitraires et d'exécutions extrajudiciaires ont été recensées depuis août 2021. Elles ont précisément visé celles et ceux qui avaient dans le passé collaboré avec les Américains ou occupé des postes sensibles au sein du gouvernement avant la chute de Kaboul. Le climat actuel en deux mots : peur et impunité.
Dernier trou dans la raquette : les talibans ne veulent pas entendre parler d'un envoyé spécial de l'ONU pour l'Afghanistan, malgré les demandes répétées des Nations unies, qui restent lettre morte.
La Manua s'accroche en réalité pour des raisons humanitaires, car de ce point de vue, elle représente l’un des derniers recours à la disposition des Afghans, en tentant de pallier la famine, la sécheresse et l'extrême pauvreté qui ruinent le pays. Plus de la moitié de la population a besoin de soutien et les financements ne suivent pas : l'ONU qui pensait récolter trois milliards de dollars de dons pour l'Afghanistan en 2023 n'en a reçu que la moitié alors que l’instabilité économique demeure.
Le système bancaire ne fonctionne toujours pas normalement et les apports financiers sont réduits au minimum compte tenu des sanctions qui pèsent sur le régime. Les Nations unies pointent aussi un problème de compétence au niveau ministériel, qui place la Manua en première ligne face aux carences exponentielles de l’État afghan.
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