Kim Ki-nam, mort d’un maître de la propagande nord-coréenne
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Architecte de la rhétorique de Pyongyang pendant plus de cinquante ans et proche de la famille Kim, « le Goebbels de la Corée du Nord » vient de s’éteindre à l’âge de 94 ans.
« Répétez mille fois un mensonge, il deviendra une vérité ». C’est un mantra attribué à Joseph Goebbels, le propagandiste en chef du régime nazi. Et c’était le métier Kim Ki-nam : forger et modeler l'image de la dictature nord-coréenne. À partir de son entrée au département de la Propagande en 1966, il va s’employer à faire des Kim ce qu’ils sont devenus, des figures intouchables et quasi mythiques pour le commun des mortels nord-coréens. Si, aujourd'hui encore, chaque Nord-coréen doit porter un pin's à l'effigie des Kim et afficher leur portrait dans son salon, c’est à Kim Ki-nam qu'on le doit.
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Lorsque le premier dirigeant nord-coréen Kim Il-Sung meurt en 1994 et que son fils Kim Jong-Il prend le relais, il fait imprimer dans le cerveau de tous les Nord-coréens que c'est une évidence. Et rebelote quand le petit-fils, Kim Jong-Un, l'actuel patron de la Corée du Nord, prend le pouvoir en 2011. À chaque succession, il faut éviter le doute. Influenceur avant l’heure, Kim Ki-nam s’y emploie de toutes ses forces à coup de titres ronflants, « président éternel de la République », « dirigeant bien-aimé », de slogans lénifiants et de mises en scène grandioses. Il théâtralise les célébrations, organise les funérailles publiques, les défilés, les hommages dans les écoles, tout le décorum imaginable dans un pays communiste fermé, où l'information vient exclusivement d'en haut.
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Dès 1976, il prend les rênes du quotidien du Parti, le Rodong Sinmun et devient à force d’acharnement l’arbitre du verbe nord-coréen. Il met sa patte partout, des discours de Kim Jong Il à ses écrits officiels, garde un œil sur les arts, les lettres et l'édition, sans oublier la censure. Par exemple lorsque la deuxième épouse de Kim Il-Sung commence à s'intéresser d'un peu trop près à la politique : lorsqu’elle disparaît sur ordre du régime de son beau-fils, son image et toute référence publique à son existence disparaissent avec elle, grâce aux bons soins de Monsieur Propagande.
Kim Ki-nam lui, aura survécu à toutes les purges paranoïaques de l’appareil d’Etat nord-coréen. Réputé proche de Kim Jong-Il avec lequel il aurait partagé des soirées arrosées, il était encore invité à la fin des années 2010 à des évènements officiels en présence de l’actuel n°1, Kim Jong-Un, signe que son influence ne s'est jamais démentie. Et pour se le prouver, il suffit d'ouvrir cette semaine le quotidien du parti, qui a consacré des pages entières à la biographie dithyrambique de son ancien patron.
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