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Le démantelèment de la centrale de Fukushima au Japon: un chantier surhumain

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Au Japon, le démantèlement de la centrale de Fukushima ne cesse d’accumuler du retard. Plus de treize ans après la fusion de trois de ses six réacteurs, causée par un séisme de force 9 sur l’échelle de Richter et un tsunami de 15 mètres de haut. Tepco, l’opérateur de la centrale, annonce un nouveau report d’une des étapes les plus compliquées du démantèlement : l’extraction de 880 tonnes de combustible nucléaire et de débris fondus dans les réacteurs 1, 2 et 3. Cette opération aurait dû commencer en 2021 pour le réacteur n°2. Elle est repoussée une nouvelle fois tant le défi à relever est sans précédent.

Vue aérienne de la centrale de Fukushima (Japon) et des nombreux réservoirs contenant l'eau rejetée dans l'océan Pacifique par l'opérateur Tepco.
Vue aérienne de la centrale de Fukushima (Japon) et des nombreux réservoirs contenant l'eau rejetée dans l'océan Pacifique par l'opérateur Tepco. © via REUTERS - KYODO
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Tout est à inventer à Fukushima. Et jamais une opération aussi compliquée et dangereuse n’a été organisée sur terre. S’agit de retirer au fond des enceintes de confinement des réacteurs le combustible fondu qui s’est mélangé à des débris d’acier et du béton. Ce mélange appelé corium reste très radioactive.

Pour enlever ce corium des réacteurs et le placer dans des conteneurs hermétiques, il a fallu développer en Grande-Bretagne un bras robotique de 22 mètres de long, bourré de composants électroniques capables de résister à la radioactivité la plus forte.  Le bras manque encore de précision et de maniabilité.

Tepco a envoyé au fond d’un des réacteurs des mini-drones pour inspecter la zone avant l’enlèvement du combustible. 

 L’opération doit durer dix ans et être effectuée à distance par des robots. Du fait de la radioactivité extrême à l’intérieur des bâtiments.

Le rejet en mer des eaux traitées

S’ajoute à cette opération périlleuse de retrait du combustible fondu au fond des réacteurs un autre problème du démantèlement de la centrale de Fukushima : le rejet en mer de ses eaux traitées qui suscite des protestations en Chine. Tepco a commencé, en aout dernier, le rejet en mer de plus d’un million de tonnes d’eau traitée est stockée dans un millier de citernes géantes.

Cette eau sert à refroidir les cœurs des réacteurs 1,2 et 3. Elle est débarrassée de toutes ses substances radioactives, sauf le tritium qui n’est dangereux qu'à hautes doses très concentrées. Selon Tepco, le million de tonnes d’eau traitée de la centrale contiennent moins de trois grammes de tritium.

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La centrale de Fukushima va relâcher son eau sur une trentaine d’années, le temps qu’elle se donne pour achever son démantèlement. Chaque année, elle relâchera en mer un volume de tritium très inférieur à celui que rejettent les centrales en Chine ou en Europe. Mais la Chine politise ces rejets pour réveiller, chez elle, des sentiments anti-japonais.

Quarante ans de travaux ?

Le Japon se donne toujours une quarantaine d’années depuis l’accident de la centrale de Fukushima le 11 mars 2011 pour achever son démantèlement. Mais il est difficile d’être optimiste compte tenu de la complexité des défis à relever.

Le coût du démantèlement de la centrale et de la décontamination de la région de Fukushima est estimé à 145 milliards d’euros. Si les délais sont tenus...

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