À la Une en Asie

Tentative de main tendue de Séoul à Pyongyang

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 À la Une en Asie, la Corée du Sud qui se dit prête à dialoguer avec le Nord. Lors de son discours à l'occasion de l'anniversaire de la Libération de la Corée, le 15 août 1945, le président sud-coréen a relancé l'idée d'unification avec le Nord. Un objectif politique certes utopique mais poursuivi depuis toujours par le Sud. Toutefois, le président Yoon Suk-yeol semble marquer ici une rupture avec ses prédécesseurs.

Le président sud-coréen Yoon Suk-yeol.
Le président sud-coréen Yoon Suk-yeol. AFP - TATAN SYUFLANA
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De notre correspondant à Séoul,

Peut-on obtenir une explication plus détaillée sur cette nouvelle politique au Sud ?

Exit la réunification au travers d’une coopération prônée par le Sud depuis les années 1990, Yoon Suk-yeol entend désormais libérer pacifiquement le Nord en l’absorbant au sein de la Corée du Sud. Jusqu’ici, les projets d’unification, portés aussi bien par la droite que la gauche, envisageaient une réconciliation des deux pays et ont toujours refusé une absorption de l’un par l’autre. Même s’il appelle à la discussion, cette nouvelle doctrine diplomatique ne laisse donc aucune place à Kim Jong-un

Le président sud-coréen appelle à changer les mentalités des nord-coréens pour précipiter la chute du régime des Kim. Il n'a précisé sa méthode, mais a expliqué lors de son discours la nécessité d’informer les nord-coréens sur leur régime et notamment ses crimes et violations des droits humains.

La Corée du Sud a récemment relancé sa campagne de propagande au travers de haut-parleurs frontaliers diffusant des messages d'information et de la musique jusqu'à 20 km dans les terres nord-coréennes. De même, le gouvernement ne semble pas contre la poursuite des envois de ballons de propagande vers le nord, ce qui avait déclenché, en réaction, l'envoi des fameux ballons de déchets nord-coréens.

Est-ce que cette nouvelle doctrine pourrait fonctionner ?

Il est difficile donc d’imaginer comment cet appel au dialogue peut effectivement se concrétiser en disqualifiant dès le départ Kim Jong-un et souhaitant la chute de son régime. Ce dernier avait d’ailleurs rejeté toute idée de réunification en janvier en qualifiant la Corée du Sud, d’ennemi, statut habituellement réservé aux États-Unis. 

Sur la méthode en elle-même, la propagande à destination du Nord peut certes se révéler efficace, mais c'est une pratique risquée. Par le passé, en 2015, lors de précédente campagne de propagande avec les haut-parleurs frontaliers, la situation avait fortement dégénéré. L'armée nord-coréenne avait fini par tirer des obus sur les haut-parleurs sud-coréens pour les faire taire. Une escarmouche qui aurait pu dégénérer en conflit.

L'autre problème de cette stratégie de propagande à destination du peuple nord-coréen, ce sont justement les conséquences pour ces gens. Le régime punit très sévèrement toute consommation de musique, livre, vidéo venant du sud et les nord-coréens pourraient grandement souffrir d'une telle stratégie. En 2022, selon un rapport sud-coréen, un homme de 22 ans a été exécuté pour avoir écouté de la K-pop.

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