Nouvel arsenal législatif en Afghanistan: les femmes effacées de l'espace public et condamnées au silence
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En Afghanistan, on leur avait retiré le droit à l’éducation, le droit de voyager seule, le droit de travailler dans presque tous les secteurs, le droit de faire du sport, les femmes afghanes n’ont désormais, officiellement plus le droit de montrer leur visage en public et de faire entendre leur voix. C’est désormais inscrit dans la loi sous le régime taliban.

De notre correspondante régionale,
Le texte d’une centaine de pages — qui comprend 35 articles — officialise les interdictions qui ont été mises en place peu après la prise du pouvoir par les talibans il y a trois ans.
Par exemple, l’interdiction de voyager sans être accompagnée d’un chaperon masculin, interdiction d’aller au parc, au hammam, d’étudier au-delà de la sixième, au collège. Et certains représentants talibans auraient même mis au défi quiconque parmi les érudits religieux des autres pays musulmans dans le monde, de trouver, dans les textes islamiques, des directives qui autorisent les femmes à étudier.
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Mais la loi va plus loin puisque les Afghanes qui devaient se couvrir le corps et les cheveux n’ont plus de droit de montrer leur visage en public. Dans les faits, c’était déjà appliqué dans de nombreux endroits et de nombreuses femmes se couvraient le visage parce qu’elles avaient tout simplement peur de représailles de la part des talibans dans la rue.
Et puis le clou de ce texte, c'est l’interdiction faite aux femmes de faire entendre leur voix au-delà des murs de leur maison.
Les femmes ne sont plus autorisées à s’exprimer en public
Elles sont condamnées au silence après avoir été effacées de l’espace public et sont véritablement poussées à ne plus exister en dehors de leur maison.
On s’est entretenus avec une jeune militante de la société civile qui a pu s’exiler à l'étranger. Et elle nous a confié que ses frères avaient été « arrêtés par les talibans qui les ont torturés ». Ils font constamment pression sur eux pour que je cesse mon militantisme sur internet, nous a-t-elle dit.
Mais, elle a le courage de continuer à revendiquer les droits des femmes et elle l’a fait encore récemment, en publiant une vidéo sur le réseau X dans laquelle elle chante en faveur des droits des femmes, en riposte à la récente loi.
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Quelle issue pour les femmes afghanes ?
Après trois ans au pouvoir, ils font fi de l’état mental désastreux dans lequel sont plongées des millions de filles, de femmes afghanes privées de presque tous leurs droits. L’ONU a alerté récemment sur la santé mentale préoccupante des femmes en Afghanistan. Aucune réaction du régime taliban. Les militantes des droits de l’homme, des droits des femmes sont arrêtés systématiquement, elles disparaissent, certaines pendant plusieurs mois.
Certaines réapparaissent et elles sont alors l’ombre d’elles-mêmes, d’autres restent portées disparues. Et il y a une telle omerta, une telle impunité et les organisations internationales n’ont aucune influence sur les talibans. Les Afghanes le disent : elles se sentent isolées et abandonnées et elles savent qu’elles sont seules dans ce combat.
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