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Entre îlots et alliances: le Pacifique sous pression

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Le Japon et la Chine s’accusent mutuellement d’avoir violé l’espace aérien autour des îles contrôlées par Tokyo en mer de Chine orientale, mais revendiquées par Pékin. Un nouvel accrochage territorial, alors même que les deux pays tentaient de resserrer leurs liens pour faire face aux retombées de la guerre tarifaire américaine.

Vue aérienne des îles Diaoyu (pour les Chinois)- Senkaku (pour les Japonais), le 13 décembre 2012.
Vue aérienne des îles Diaoyu (pour les Chinois)- Senkaku (pour les Japonais), le 13 décembre 2012. REUTERS/Xinhua
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De notre correspondante à Pékin,

Les îles Senkaku - Diaoyu pour les Chinois - sont inhabitées, mais hautement stratégiques. Le Japon et la Chine les revendiquent tous deux depuis des décennies. Elles sont situées entre Taïwan et Okinawa, dans un corridor maritime crucial. Les contrôler permet d’étendre sa zone économique exclusive avec des droits sur la pêche, la navigation commerciale, et une présence militaire renforcée.

C’est la première incursion aérienne chinoise signalée dans la zone depuis août 2024. Malgré un climat diplomatique un peu moins tendu ces derniers mois, ces îles restent un marqueur de souveraineté, une vitrine de puissance. Elles sont régulièrement survolées, patrouillées, revendiquées. Et les États-Unis, alliés du Japon, ont déjà prévenu : elles entrent dans le champ de leur traité de défense. Un avertissement direct à Pékin.

Conséquences de ces accusations mutuelles 

On peut s’attendre à des retombées diplomatiques telles que protestations officielles, convocations d’ambassadeurs, suspension de projets conjoints. Mais à plus long terme, ce type d’incident alimente un engrenage sécuritaire. Il pousse les États de la région à renforcer leur arsenal, à s’aligner plus clairement, accentuant la polarisation. La coopération économique en pâtit, la tension monte, et le moindre accrochage peut dégénérer. Dans cette Asie-Pacifique fracturée, chaque mot, chaque mouvement, compte.

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La Chine revendique un grand nombre d’îlots

Pékin revendique presque toute la mer de Chine méridionale, via une « ligne en neuf traits » qui empiète sur les zones maritimes de plusieurs pays : les Philippines, le Vietnam, la Malaisie, Brunei et Taïwan.

Riche en hydrocarbures, en poissons, et en flux commerciaux, cette zone est vitale. Un tiers du commerce maritime mondial y transite. La Chine y a construit des îles artificielles, des bases militaires, et multiplie les patrouilles. En face, Washington mène des opérations dites « de liberté de navigation » pour contester ces revendications. Mais l’Asie du Sud-Est, elle, peine à parler d’une seule voix. Le risque d’incident reste permanent.

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Le Pacifique s’organise

Elles redessinent les équilibres régionaux. Le Japon, les Philippines, le Vietnam, l’Australie, tous augmentent leurs budgets de défense.

Le Pacifique devient l’un des théâtres les plus militarisé au monde. Une zone où les frictions sont constantes, les marges de manœuvre réduites. Cela pousse les États-Unis à investir massivement dans leur présence stratégique dans la région également. 

En cas de collision, d’erreur de calcul, d’escalade mal contenue, ce sont les chaînes d’approvisionnement, les routes commerciales, les flux énergétiques mondiaux qui pourraient s’en trouver bouleversés. À mesure que les lignes de front se précisent, la diplomatie recule. Et le spectre d’un conflit, même limité, devient une hypothèse que plus personne ne peut écarter.

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