Côte d'Ivoire: les petits producteurs de cacao peinent à écouler à bon prix leurs récoltes
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La grande campagne du cacao septembre - mars a été très difficile pour les 2 à 3 millions de planteurs ivoiriens, incapables de parvenir à vendre leurs fèves au prix légal instauré par les autorités à 1 000 francs le kilo. Le 31 mars, le Conseil café-cacao (CCC) a été contraint de revoir le prix bord-champ à 750 francs le kilo pour assurer l’écoulement de la production lors de la petite campagne.

De notre envoyé spécial à Tiassalé,
Serge Alain Kouadio, directeur de la société coopérative des producteurs de café-cacao de Tiassalé, pousse la porte d’un grand entrepôt. Le magasin est complètement vide. Incapable de vendre les fèves au port d’Abidjan, la coopérative a cessé, entre janvier et mars, de stocker et d’acheter les fèves des producteurs de la région.
« Il n’y a aucun sac depuis début janvier, fin décembre, on ne collecte plus. Vous voyez le magasin ? Il est vide, c’est la réalité des choses », déplore Serge Alain Kouadio. « Normalement, la grande campagne, c’est 70 % du chiffre d’affaires de la coopérative, on n'a fait que 3 mois. Nous attendons une solution pour démarrer la petite traite, nous perdons au bas mot les 65 % de ce que nous pouvions faire », souligne-t-il.
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Prendre en compte les difficultés des planteurs
Le professionnel du secteur s’inquiète au sujet des ventes illégales qui ne respectent pas le prix fixé par l’État, ou pour les petits producteurs qui n’arrivent tout simplement pas à vendre leur récolte. Il lance un appel pour réellement prendre en compte leurs difficultés.
« Est-ce que l’on tient compte de leurs réalités ? Est-ce que l’État et les exportateurs se rendent compte que chaque heure qui passe ? C’est un planteur qui meurt, car il n’a pas d’argent pour se soigner ou autre. Cela a trop duré. Nous demandons que cela se règle au plus vite », revendique Serge Alain Kouadio.
Pas de vente au prix escompté
Planteur près de Tiassalé, Bilali Diallo possède un petit terrain sur les berges du fleuve Bandama. Cette année, il n’a pu s’en sortir qu’en raison de la diversité de ses plantations, mais le cacao ne s’est pas vendu au prix escompté.
« À l’endroit où je livre, on m’a fait comprendre que ce ne sera pas le même prix, à cause du Covid-19. C’est 800 francs le kilo, au lieu de 1000 francs. Je serai obligé de m’aligner comme les autres », regrette Bilali Diallo.
Les raisons invoquées
Selon la communication du gouvernement, il y a un ralentissement des échanges sur les marchés en raison de la crise sanitaire, mais d’après un expert du cacao qui préfère garder l’anonymat, certaines multinationales se sont organisées pour piocher dans leur stock disponible aux États-Unis ou en Europe, des stocks de fèves ou de pâtes de cacao, afin d’éviter de régler une facture trop élevée ; le prix bord-champ ayant été augmenté à 1 000 francs le kilo en 2020, en pleine année électorale, à laquelle s’ajoute une nouvelle taxe à la tonne instaurée par le Ghana et la Côte d’Ivoire pour venir en aide aux planteurs.
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En raison des conditions climatiques et du manque de structure, la Côte d’Ivoire, elle, n’a globalement pas les moyens de stocker les fèves de cacao. Pour la grande campagne 2020-2021, les récoltes ont donc souvent dû être bradées bien en deçà des prix légaux, explique cet expert. Pour remédier à ces problèmes de débouchés, le Conseil Café-Cacao a baissé de 25 % le prix bord-champs pour le kilo de fèves, les ONG assurent que ce prix ne permet pas aux cultivateurs de vivre dignement.
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