Côte d’Ivoire: une économie performante, mais avec de grandes fragilités
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Avec une croissance du PIB de 6,5% en 2024 et de 6,4% attendue cette année, la performance ivoirienne est saluée par les économistes. Mais ils soulignent aussi les fragilités structurelles de l’économie.

La Côte d'Ivoire contribue à 40% au PIB de l'Union monétaire ouest-africaine (UEMOA). Depuis la crise post-électorale de 2010-2011, son économie a su rebondir. En témoigne l'essor des infrastructures. « On a un investissement dans les infrastructures qu'on estime à 3,2% du PIB, largement supérieur à la moyenne africaine, qui est à 1,8% du PIB du continent », salue Arthur Minsat, chef de l’unité Afrique au centre de développement de l’OCDE.
Infrastructures
Ces investissements mériteraient cependant à être mieux répartis dans le pays, Abidjan concentrant déjà 65% du PIB ivoirien. « Ce serait bien que ces constructions massives d'infrastructures soient décentralisées, parce que tout est concentré dans la capitale, observe Stanislas Zézé, le PDG de l'agence de notation Bloomfield. Ça crée non seulement un problème d'exode rural, économique, mais qui défavorise les autres régions du pays. »
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Retombées limitées du cacao et du pétrole
Avec l'essor du commerce, des services financiers, des télécommunications et la naissance d'une industrie, le secteur primaire, agricole et extractif, ne pèse plus que 15 % du PIB. Mais sa croissance, elle, repose encore beaucoup sur l'exportation des matières brutes. « Le moteur principal de croissance est évidemment lié au cours du cacao, qui a donc entraîné un regain du dynamisme économique, ainsi qu'à l'exploitation de champs d'hydrocarbures, notamment le champ Baleine, reconnaît Arthur Minsat. Ce qui est évidemment bénéfique puisque ça a permis d'accélérer la croissance, mais qui, par contre, a un revers : des retombées sur l'Ivoirien et l'Ivoirienne moyens qui sont limitées. »
Risque sociopolitique tous les cinq ans
Dynamique à court terme, l'économie ivoirienne reste fragile à long terme, car la richesse est à 80% créée par les multinationales étrangères. « C'est une économie qui performe très bien, mais qui est fragile à long terme, estime Stanislas Zézé. Chaque cinq ans, il y a un ralentissement à cause de la situation sociopolitique. En cas de choc, généralement, les multinationales s'en vont et vous vous retrouvez avec une économie qui pourrait subir de graves conséquences. C'est pourquoi il faut, avec cette performance, renforcer la capacité des entreprises locales de sorte qu'elles puissent avoir une plus grande part dans la création de la richesse pour que le pays soit de plus en plus résilient et développe sa capacité à absorber des chocs. »
L'OCDE suggère d'encourager la transformation locale, en particulier des produits agricoles dont la Côte d'Ivoire regorge, pour la consommation régionale.
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