Afrique économie

Le coton invendu s'accumule et impacte tout les maillons de la chaîne

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Écrasé par des cours mondiaux trop bas, et une concurrence acharnée imposée par le coton brésilien, le coton africain a du mal à se vendre, et s'accumule dans les entrepôts portuaires, à Cotonou, Lomé, Dakar ou encore Abidjan. Une situation qui pénalise tous les maillons de la filière.

Selon l'estimation de l'Association française cotonnière (Afcot) à Deauville, dans le nord de la France, il resterait 100 000 tonnes de coton malien invendues. (Image d'illustration)
Selon l'estimation de l'Association française cotonnière (Afcot) à Deauville, dans le nord de la France, il resterait 100 000 tonnes de coton malien invendues. (Image d'illustration) AFP - FLORENT VERGNES
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Il y aurait, a minima 200 000 tonnes de coton africain invendues, selon Kassoum Koné, le président de l'Association cotonnière africaine, mais peut-être 250 000, voire 300 000 tonnes, à en croire des négociants rencontrés le 30 septembre lors du rendez-vous annuel de l'Association française cotonnière (Afcot) à Deauville, dans le nord de la France. Selon leurs estimations, il resterait notamment 100 000 tonnes de coton malien invendues.

Quels que soient les chiffres, les volumes dépassent, de loin, ce qui reste à commercialiser d'habitude à cette époque. En cause, le coût de revient élevé du coton ouest-africain qui le rend peu compétitif. « La concurrence est rude, car il y a aussi du coton brésilien et américain sur le marché », explique Boubacar Salia Daou. Ce négociant, président de Millenium Mali, confirme que fin septembre, il n'y a en général plus de stock. La baisse des cours mondiaux a un impact sur ses marges, précise-t-il, mais aussi sur les finances de la CMDT, la société d'État malienne qui gère le secteur.

Le secteur logistique au ralenti

Ces invendus pèsent sur la plupart des sociétés cotonnières qui ne peuvent pas rembourser leurs crédits, mais vont devoir bientôt négocier de nouveaux prêts pour la prochaine campagne. Elles sont touchées à double titre, car elles doivent aussi supporter le coût d'un stockage plus long dans les entrepôts portuaires, des entrepôts où l'activité a ralenti. « Les entrepôts sont vidés fin juin d'habitude, mais cette année tous nos magasins à Lomé sont pleins », explique Blaise Agbozo, représentant du groupe R-Logistic au Togo. 

L'expert en logistique a vu ses prévisions tomber à l'eau : « Plus vous rentrez du coton, plus vous en sortez, plus le tonnage augmente, et plus vous générez de la marge, mais si les entrepôts sont pleins et qu'il n'y a plus d'expéditions, nous y perdons forcément ».

Risque de décote

En bout de chaîne, ceux qui vérifient le poids et la qualité du coton avant qu'il soit embarqué n'ont qu'une hâte, que l'activité reprenne. « Nous avons certifié 65 % des volumes que nous traitons d'habitude à cette époque, nous attendons maintenant que les 35% qui restent soient embarqués d'ici décembre », témoigne Abderamane Adoum Hassan, directeur régional de Wakefield Inspection, basé à Abidjan, qui assure que le ralentissement de l'activité cotonnière n'épargne aucune société du secteur.

Le risque, c'est qu'une fois la nouvelle récolte disponible, courant novembre, l'ancienne se vende avec une décote. Ce n'est pas tant le stock qui effraie le président de l'Association cotonnière africaine, que le manque de visibilité pour l'exporter. « Tout va vite dans le coton, s'il y a un appel d'air, tout ce qu'on qualifie de grand stock pourra être vendu rapidement, mais notre souci, c'est qu'on ne sait pas à quel moment on va sortir la tête de l'eau » résume le président de l'ACA qui espère que cette période difficile sera « la plus courte possible ».

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