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Les pêcheurs du Sénégal entre manque de carburant et raréfaction du poisson

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Au Sénégal, le réseau national de la pêche artisanale estime le nombre de pirogues en activité à 20 000. Un secteur d’activité important tant d’un point de vue de l’emploi que de la consommation. Cependant, les petits pêcheurs se plaignent des difficultés qu’ils affrontent au quotidien.  

Les représentants des pêcheurs au port de Soumbedioune le 3 juin 2022.
Les représentants des pêcheurs au port de Soumbedioune le 3 juin 2022. © RFI/Charlotte Cosset
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Dans le port de Soumbédioune de Dakar, des dizaines de pirogues attendent sur la plage. « D’habitude, s’il y avait du carburant vous ne trouveriez qu’une plage déserte. Mais avec le manque de carburant, c’est pour cela que vous trouvez toutes ces pirogues. »

Issa Fall est le coordonnateur du conseil local de pêche artisanale de Soumbédioune. « On rencontre beaucoup de difficultés, comme vous voyez la majeure partie des pirogues ne sont pas parties en mer à cause de ce manque de carburant. Ça nous empêche de remplir nos poches. Actuellement, c’est très difficile de s’approvisionner au niveau de la pompe, se désole-t-il. C’est la bagarre. Au niveau de Soumbédioune, on a trois stations. Mais aujourd’hui, il y en a une qui a du carburant deux-trois jours, après c’est une autre station qui a du carburant. »

Une difficulté générale, assure Alassane Diatta le coordonnateur du réseau national de la pêche artisanale au Sénégal. « Ce qui est là à Soumbédioune, c’est exactement ce qui se passe partout sur les 717 kilomètres de la côte sénégalaise. Tous les 41 conseils locaux de la pêche artisanale au Sénégal souffrent du manque total de carburant », s'inquiète Issa Fall.

Un bateau accoste, Chérif fait partie des chanceux qui ont pu sortir aujourd’hui : « On en avait stocké un peu pour sortir en mer. Lorsqu'on lui demande si cela lui lui arrive souvent en ce moment de ne pas pouvoir aller pêcher, acquiesce : « Oui ça arrive souvent. »

Le poisson se fait rare

Les pêcheurs font face à un autre problème assure Chérif : « Il n’y a pas de poissons en mer. Auparavant, on avait des poissons, mais maintenant les poissons commencent à disparaître. C’est difficile de trouver du poisson. »

Alassane Diatta le confirme, « c’est un problème qui est partout dans le pays et il est lié, c’est vrai, au changement climatique, mais aussi à l’effet humain. C’est-à-dire la surpêche, la pêche INM, la pêche non sélective, explique-t-il. Actuellement les gens sont tellement difficiles à surveiller par rapport au pillage de la ressource. Avec cette puissance de ces multinationales quand ils viennent avec ces forces si ce n’est pas rationalisé franchement, ça va devenir désastreux pour l’Afrique plus précisément pour le Sénégal qui ne vit que de la pêche et du poisson. »

Des tensions sur les ressources qui poussent les pêcheurs à aller de plus en plus en loin. Fin mai, 30 pirogues sénégalaises se sont fait prendre dans les eaux guinéennes. Les pêcheurs étaient sur la piste de poulpes.

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