Dans le comté de Fangak, comme dans plusieurs autres provinces du nord du Soudan du Sud, le commerce de poisson est devenu une activité économique prédominante depuis les grandes inondations de 2019. Et le commerce fluvial de poisson est en expansion. Le Soudan du Sud est traversé par le Nil, qui permet de naviguer de Juba jusqu’au Soudan, surtout depuis l’accord de paix de 2018, qui a rendu la navigation possible et sécurisée pour les bateaux commerciaux.

De notre envoyée spéciale à Old Fangak,
Après avoir fui son village à cause des inondations, Rez Riik, 44 ans, s’est installé sur une plateforme flottante, construite à partir d’herbes séchées, au bord de la rivière Zeraf, un affluent du Nil.
Avec d’autres familles de pêcheurs, ils y font sécher le poisson qu’ils espèrent vendre : « Avant les inondations, j’avais une maison, j’étais bien installé. Je cultivais du sorgho, j’avais du bétail et je pêchais, mais pas à grande échelle, c’était juste pour cuisiner du poisson pour mes enfants. Je n’en vendais que rarement », raconte-t-il. « Mais depuis les inondations, nous avons dû venir ici. Beaucoup de gens se sont mis à pêcher. Il y a trop de poisson sur le marché et nous avons du mal à trouver des acheteurs. »
La baisse du prix du poisson est une aubaine pour les hommes d’affaires qui l’achètent auprès des familles de pêcheurs pour le revendre en gros, à Juba ou au Soudan.
James Paulino Ayul, un Sud-Soudanais originaire de Tonga, dans l’État du Haut-Nil, supervise le chargement de sa grande barge au port d’Old Fangak. Il s’apprête à acheminer le poisson séché vers le Soudan – un commerce fluvial qui était pratiquement impossible avant la signature de l’accord de paix de 2018.
« Nous les commerçants, nous pouvons désormais aller de Fangak à Juba ou au Soudan. Mais avant l’accord de paix, il n’y avait aucun mouvement sur le fleuve », rappelle James Paulino Ayul. « Ceux qui étaient à Juba restaient à Juba. Ceux qui étaient dans les zones de guerre y demeuraient. Et ceux qui étaient au Soudan restaient là-bas. Cette paix qui a été signée entre Sud-Soudanais, ce n’est pas rien. Elle a facilité notre activité de commerçants ici à Fangak. Le seul problème, c’est le coût élevé du transport fluvial sur de grandes distances. »
Plus de problème de transport fluvial
De nombreux checkpoints sur le Nil entravent la fluidité du transport fluvial. Selon James Paulino Ayul, il faut s’acquitter de 7 millions de livres sud-soudanaises, l’équivalent de 15 000 dollars, pour parcourir les quelque 500 kilomètres entre Juba et Old Fangak avec un chargement comme le sien.
L’annonce, en mai, de la réouverture du commerce fluvial avec le Soudan – bien plus proche – est très positive pour ce marchand : « Nous avons entendu à la radio que la frontière était ouverte. Si c’est le cas, c’est très bien pour nous, les Sud-Soudanais, comme pour les Soudanais, car on va pouvoir commercer avec eux d’une bonne façon. Il n’y aura plus de problème pour le transport fluvial. »
Mais la situation reste précaire au Soudan du Sud, remettant en cause les aspirations de ces commerçants. Des clashs ont éclaté, le 14 août, entre des factions de l’opposition sur le Nil, près de Tonga, déplaçant 27 000 personnes, et menaçant la sécurité de la navigation commerciale.
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