En Côte d'Ivoire, un laboratoire pour l'émergence de femmes scientifiques
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Le « STEM Makers Lab », un nouveau centre éducatif dédié à l’apprentissage des sciences et réservé aux jeunes filles, a ouvert dans la commune d’Abobo à Abidjan. « STEM » pour : Science, Technology, Engineering et Mathematics. Il permet aux jeunes filles de se familiariser avec l’informatique, la robotique, l’impression 3D et les questions de leadership. L’ONG DynexAfrica entend ainsi favoriser l’émergence de figures féminines dans le domaine des sciences en ciblant particulièrement les quartiers populaires et les zones rurales.

De notre correspondant à Abidjan,
Après six mois d’activité, le « STEM Makers Lab » d’Abobo est officiellement inauguré le 11 février, Journée internationale des femmes de sciences. La centaine de jeunes filles âgées de 12 et 15 ans, issues de la première promotion du programme de formation, écoutent avec attention le discours de celle qu’elles appellent « Tantie Maï » : Maïmouna Fognon Koné, directrice de Dynex Africa.
« L'objectif final, c'est de renforcer la confiance de celles qui seraient intéressées par les filières scientifiques et de les accompagner pour celles qui ont les aptitudes justement à ce qu'elles puissent s'orienter vers les filières scientifiques », explique Maïmouna Fognon Koné. « Donc, il y a la formation technique, mais il y a également tout un accompagnement et un écosystème qu'on met autour d'elles pour les encadrer afin qu'elles puissent s'épanouir et faire des choix tout en se disant qu'il y a des personnes qui peuvent les accompagner dans ce processus. »
Des futures scientifiques ambitieuses
À l’entrée du lieu, les visages de grandes scientifiques, comme la chimiste ivoirienne Mariam Dicoh, ou encore la mathématicienne américaine Dorothy Vaughan, accueillent les visiteurs. Pour participer à ce programme qui mêle informatique, robotique et impression 3D, les jeunes filles sont sélectionnées dans deux établissements scolaires de la commune en fonction de leurs résultats dans les matières scientifiques et de leur motivation.
Betel Brou, élève de 4e, a de grandes ambitions. « Moi, je rêve de devenir ingénieure robotique. La première fille âgée de 13 ans va inventer quelque chose qui va révolutionner le monde. Peut-être par exemple la première voiture volante, quelque chose de ce genre », imagine la jeune Betel. Les étudiants ont accès au centre les mercredis et samedis, et pendant les vacances scolaires. Du travail scolaire supplémentaire qui n'effraie pas Margloi Aho et Elvira Bado, chacune âgée de 13 ans.
« En fait, c'est un endroit magnifique qui donne aux filles une chance de se parler et de s'ouvrir. On peut dire que c'est notre deuxième maison », explique Margloi. « Les filles ne sont pas une espèce inférieure », rétorque Elvira. « Les filles ont la force en elles. Et elles peuvent avancer. Donc, elles n'ont qu'à s'armer de courage, de patience et persévérer dans leur domaine. Car nous aussi pouvons devenir des scientifiques hors pair. »
Un accès compliqué au matériel pédagogique
En Côte d’Ivoire, les filles ne sont que 30% au collège et largement minoritaires sur les bancs de l’université. Les programmes de formation Dynex sont implantés à Abobo, mais aussi à Sinématiali et Korhogo, dans le nord du pays. Pour Zouzou Jacquelin, enseignant et designer industriel, le principal obstacle du projet réside dans la difficulté à obtenir le matériel pédagogique.
« Par exemple des imprimantes 3D, des machines à commande numérique comme les découpeuses laser. Ici, avoir Certaines machines, c'est un peu compliqué », confie Zouzou Jacquelin.
Le programme est financé par la coopération allemande et une grande entreprise allemande. Le centre d’Abobo a été mis sur pied avec 40 millions de francs CFA, soit environ 60 000 euros.
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