Afrique du Sud: en difficulté financière, la Poste n'arrive plus à payer ses créanciers
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La Poste sud-africaine est incapable de payer ses créanciers, si bien que l’un d’eux est parvenu à la faire placer en liquidation provisoire en février. Depuis, l’entité affirme avoir payé cette dette. Elle devrait donc voir sa liquidation levée au 1er juin. Mais elle doit toujours plus de 200 millions d’euros à d’autres créditeurs. Le gouvernement sud-africain a déjà indiqué qu’il ne la laisserait pas s’effondrer.

De notre correspondante à Johannesburg,
L’entreprise publique, à l’image des autres entités gérées par l’État sud-africain, connaît ces dernières années un déclin, comme l’a concédé devant le Parlement le ministre des Communications, Mondli Gungubele :
« Le volume du courrier diminue, et en conséquence les recettes sont passées de 3,4 milliards de rands en 2015, à 2,6 milliards en 2022. Cette tendance représente une menace pour la soutenabilité de la poste sud-africaine si elle continue sur son modèle d’origine », prévient le ministre.
Cinq mois de grève, en 2014, avaient déjà souligné le malaise qui régnait au sein de l’entité. Et le licenciement de 6 000 employés était récemment sur la table, soit près de la moitié des effectifs. Des salariés dont les droits sont en plus bafoués, selon Aubrey Tshabalala, du syndicat des travailleurs du secteur des communications (CWU) : « Les prestations sociales des employés ne sont plus payées », explique-t-elle. « Par exemple, leur couverture maladie, leur fonds de retraite, ou d'autres encore, comme leur assurance-vie. Cela les met dans une position très, très hasardeuse. »
Le rôle essentiel des bureaux de poste
Les plus de 1 200 bureaux qui existent dans le pays n’ont pas pour unique mission la gestion du courrier, mais jouent aussi un rôle essentiel dans la distribution des aides sociales. Ils servent en outre de point de collecte de médicaments pour les maladies chroniques ou de renouvellement des papiers des véhicules.
Un réseau inestimable, que Mark Barnes, l’ancien PDG, voudrait sauver en rachetant une partie, dans un partenariat public-privé : « Le secteur privé ne peut pas y aller seul, car pour faire du profit, il sera tentant de se séparer de branches dans des petites villes. Donc, il faut que l’État conserve un rôle », analyse-t-il. « J’envisage une forme de partenariat, où l’on arrête de se baser sur ce vieux modèle, avec des renflouements réguliers. Il faut plutôt qu’on réfléchisse à ce dans quoi on peut investir pour mieux servir l’État et les Sud-Africains, et considérer l’entité autrement qu’une simple poste. »
Un plan de redressement prévu par le gouvernement sud-africain
Le gouvernement préfère, lui, miser sur un plan de redressement appelé « la Poste de demain », comme le détaille le ministre Mondli Gungubele : « Les points d’interventions prioritaires entendent transformer la poste, entre autres, en hub de commerce en ligne pour l’Afrique du Sud et la région, mais également en hub numérique pour les communautés, et en une autorité d’identification, à l’ère des services numériques. »
L’État a déjà injecté près de 120 millions d’euros, en février dernier, pour tenter de sauver la poste sud-africaine de la déroute.
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