L’Afrique du Sud accueille le sommet des Brics, du 22 au 24 août, au sein de son centre de conférences de Johannesburg. Un sommet un peu particulier, le premier en présentiel depuis la pandémie de Covid et le début de la guerre en Ukraine. Le président russe Vladimir Poutine suivra d’ailleurs le sommet à distance, ne pouvant pas se déplacer du fait du mandat d’arrêt de la CPI. Et parmi les principaux dossiers sur la table, se trouve la question de l’élargissement des Brics. Depuis l’ajout de l’Afrique du Sud en 2010, aucun nouveau pays n’a pour l’instant rejoint le groupe originel. Ce point a été en discussion ces derniers mois, notamment au niveau ministériel, et désormais, les chefs d’État vont pouvoir échanger de vive voix sur ce choix crucial.

Alors que des pays comme la Chine ou la Russie ont fait savoir leur désir d’expansion, afin que le bloc pèse davantage et puisse imposer ses envies de multilatéralisme, d’autres membres comme l’Inde ou encore le Brésil, et son président Lula, se montrent pour l’instant plus prudents : « Nous allons discuter de l’entrée de nouveaux pays, et je suis d’avis que tout le monde puisse entrer, à condition de respecter les règles que nous sommes en train d’établir : dans ce cas, nous accepterons leur candidature. »
Car ce sont justement ces critères d’entrée qui sont difficiles à établir entre les cinq pays. Un document a été préparé par les chefs diplomatiques, mais il faut désormais qu’il soit accepté par les cinq chefs d’État membres des Brics.
Selon l’Afrique du Sud, 23 pays ont formellement approché le bloc pour une possible candidature. Un intérêt dû aux changements géopolitiques, selon Priyal Singh, chercheur à l’Institut d’études de sécurité (ISS) : « Depuis l’invasion russe de l’Ukraine, il y a de fortes tensions géopolitiques mondiales, et cela rend très anxieux les pays du Sud. Je pense que beaucoup de pays recherchent plus de prédictibilité, et ils ne peuvent la trouver qu’en mettant en commun leur poids et influence dans le monde. »
La liste publiée par Pretoria comprend plusieurs pays du continent, à savoir l’Algérie, l’Égypte, le Sénégal, le Nigeria, l'Éthiopie, et le Maroc dont des diplomates ont toutefois nié avoir fait une telle demande. Pour le continent, se rapprocher des Brics est aussi une façon de renforcer les relations avec la Chine, qui domine le groupe, selon Priyal Singh : « La Chine est le premier partenaire commercial pour de nombreux pays africains. Je pense que beaucoup d’entre eux ont leur regard tourné vers Pékin, d’autant plus que la Chine continue de croître, et ils souhaitent donc se rapprocher de son orbite politique et économique. »
La candidature d’Alger au 15e sommet des Brics
Avec notre correspondant à Alger, Fayçal Métaoui
En novembre 2022, l'Algérie a introduit une demande officielle pour adhérer au groupe des Brics. Un groupe qui, selon Alger, participe au rééquilibre des relations internationales. Pour l'Algérie, les pays qui composent les Brics sont le coeur battant du non alignement. Des pays qui militent pour un monde multipolaire.
Le pays organisateur, l'Afrique du Sud, soutient une adhésion de l'Algérie à ce groupe, autant que la Chine et la Russie. L'Inde et le Brésil ne se sont pas encore exprimés sur la question.
Le président Abdelmadjid Tebboune a effectué des visites officielles à Moscou et à Pékin où il a eu l'assurance d'un appui de ces deux capitales pour une adhésion au groupe. Tebboune a également annoncé que Dilma Rousseff, ancienne présidente du Brésil et directrice actuelle de la banque des Brics, a déclaré que l’Algérie était nécessaire à ce groupe économique.
En juillet 2023, l'Algérie a demandé à rejoindre la Nouvelle Banque de développement des Brics, avec une première contribution financière d'un milliard et demi de dollars.
Surendettée et en proie à un manque chronique de devise étrangères, l’Argentine aimerait aussi intégrer les Brics pour, notamment, avoir accès à la nouvelle banque de développement, le bras financier du bloc des puissances émergentes, rapporte notre correspondant à Buenos Aires, Théo Conscience. Pour le pays, l’accès à cette banque « signifierait un accès direct à une source de capitaux internationaux avec des taux d’intérêts bas qui pourraient être importante pour les investissements en Argentine », explique Bruno de Conti, professeur d’économie internationale à l’université de Condominas.
Mais le manque de solvabilité de l’État argentin représente néanmoins un obstacle de taille, d’autant que les soutiens brésilien et chinois a la candidature argentine ont été refroidis dimanche par les résultats des primaires à l’élection présidentielle, marquées par la victoire surprise du candidat libertarien Javier Milei qui est « proche des États-Unis ».
La question de la dédollarisation
Un autre dossier pourrait aussi influencer le choix de nouveaux membres : la volonté d’accélérer la dédollarisation, alors que les Brics souhaitent réduire leur dépendance au billet vert. Daniel Bradlow, professeur à l’université de Pretoria : « Des pays des Brics utilisent déjà par exemple le yuan dans leurs échanges, et on peut donc les imaginer admettre d’autres puissances, et utiliser ces monnaies. D’un point de vue des échanges, il y a du potentiel à développer cela. »
D’autres nations, notamment du Golfe, comme l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, ou des pays sous sanctions comme l’Iran, cherchent aussi à pénétrer au sein de ce cercle informel des Brics.
À écouter aussiAfrique économie - Quelle place pour l’Afrique du Sud au sein des Brics?
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