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Visa Schengen: au Portugal, l'accès aux visas facilité pour les Africains lusophones [2/2]

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La question des migrations est au cœur des débats des États européens. L’Union européenne vient de signer son « Pacte asile et migration ». Et aors que certains États cherchent à tout prix à limiter l’arrivée d’étrangers, d’autres comme le Portugal veulent au contraire les encourager. Depuis novembre 2022, le pays a mis en place une facilité de visas aux populations de l’espace de langue portugaise (CPLP) pour venir y résider et travailler.

Un visa pour l'espace Schengen. (image d'illustration)
Un visa pour l'espace Schengen. (image d'illustration) © Fadel Senna / AFP
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Originaire du Cap-Vert, Fernando Furtado est arrivé au Portugal à la fin des années 1980. Venu chercher du travail dans le bâtiment, sa légalisation a pris du temps. Il observe avec une pointe d’envie les facilités pour les nouveaux arrivants : « J'ai un collègue, il travaille dans le bâtiment comme maçon. Il est là depuis 4 ou 5 mois et il a été légalisé tout de suite. Dès son arrivée, il a eu ses papiers, son contrat de travail et un visa de deux ans. Deux jours après son arrivée, il travaillait ».

Le Portugal aurait déjà délivré 140 000 de ces titres de séjours. Ana Gomes est une diplomate et femme politique portugaise : « La priorité pour les Portugais, c'était de légaliser la situation de beaucoup de travailleurs qui sont au Portugal en situation irrégulière. C'est aussi bien sûr l'intérêt de certains secteurs au Portugal qui ont vraiment besoin de main-d'œuvre. C'est le cas bien sûr des secteurs de l'agriculture, de la construction, etc ».

Une infraction selon la Commission européenne

Ces migrants viennent du Brésil, mais également de pays lusophones d’Afrique comme l'Angola ou le Mozambique. À Sao Tomé-et-Principe, le Programme des Nations unies pour le développement a étudié ce phénomène avec près de 20 000 candidats. Les demandes de visa vers le Portugal y ont doublé depuis la mise en place de cette facilité.

Luca Monge Roffarello est l’économiste qui a mené cette étude : « Cela représente 8 à 9 % de la population, ce qui est énorme. C’est pourquoi, au PNUD (Programme des Nations unies pour le développement), nous avons immédiatement examiné cette question. Nous avons fait une évaluation préliminaire, mais nous souhaitons également examiner cette question d'un point de vue systémique, car cela peut poser des problèmes du point de vue du développement. Par exemple, nous sommes très préoccupés par la fuite des cerveaux et l’impact que cela peut avoir sur la santé, sur le système éducatif ou encore sur le secteur privé. Mais d’un autre côté, cela peut également créer des opportunités avec l’envoi de fonds provenant de la diaspora ou des échanges plus étroits de compétences avec les personnes de la diaspora qui ont réussi ».

La Commission européenne a ouvert une procédure d’infraction contre le Portugal. Elle estime que ce titre de séjour va à l’encontre du modèle uniforme de l’espace Schengen et demande au Portugal de remédier à ces manquements.

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