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Au Sénégal, les producteurs de riz face à de nombreux défis

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Le riz est présent dans toutes les assiettes sénégalaises mais pour la grande majorité il s’agit de riz importé d’Asie. Cette céréale est pourtant cultivée localement, avec la pluie dans le centre et le sud du pays, et par irrigation fluviale dans le nord. Un programme d’autosuffisance en riz a même été lancé en 2014, des efforts sont faits pour mécaniser la production, mais de nombreux défis persistent.

Des femmes récoltent le riz en Casamance au Sénégal. (Image d'illustration)
Des femmes récoltent le riz en Casamance au Sénégal. (Image d'illustration) Getty Images - Dave G. Houser
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Avec notre envoyée spéciale à Richard Toll, Juliette Dubois

À Richard Toll dans le Fouta, la période des semences a commencé. Des saisonniers jettent des poignées de semis dans l’eau. Mouhamed Diop loue 100 hectares de terres, mais il se bat chaque année contre les oiseaux qui viennent picorer ses cultures.

« Aux champs, nous les cultivateurs, on fait bien notre travail, se défend-il. Ce sont les oiseaux qui nous fatiguent trop et font baisser la rentabilité. Par exemple, si je devais avoir 100 sacs et que les oiseaux en mangent 30, il y aurait moins de production. »

Des machines peu adaptées

Il faudrait donc récolter rapidement pour échapper aux oiseaux, mais le manque de machines handicape les producteurs comme l’explique Mouhamed Diop : « Je n’arrive pas à avoir ce que je devrais récolter à cause des oiseaux, mais aussi du manque de matériel agricole. Là où la récolte devrait se faire en une semaine, si tu n’as pas de matériel, ça peut prendre jusqu’à un mois. »

Certains cultivateurs ont pu acheter des moissonneuses batteuses grâce à des subventions de l’État. C’est le cas d’Ousseynou Ndiaye. Sa machine récolte quatre hectares par jour, un énorme gain de temps. Mais selon lui, le changement climatique la rend déjà obsolète : « Avec les pluies précoces, on a des difficultés pour que cette machine qui est équipée de pneumatiques parfois n’est pas en mesure d’assurer la récolte parce que les périmètres sont humides et inondés. Là, il nous faut des machines à chenilles. »

En plus des inondations, les germinations se font trop tôt, et les sols sont de plus en plus salinisés. Ousseynou Ndiaye estime les pertes l’an dernier dans la région à près de 200 000 ha et 100 milliards de FCFA.

Nécessaire adaptation

Autre conséquence : les producteurs prennent du retard dans l’exécution des travaux et l’objectif de deux récoltes par an n’est pas atteint. Pour Ousseynou Ndiaye, qui est aussi président du comité interprofessionnel de la filière riz, des mesures doivent être prises pour mieux gérer ces effets du changement climatique. « Il faudrait aussi assurer la qualité des semences avec un bon crédit adapté aux semences. Il faut aussi veiller à l’assurance agricole qui doit être généralisée. Il faudrait mettre en place un fond de calamité », détaille-t-il. 

Un comité scientifique a été mis en place avec la SAED, la Société d'Aménagement et d'Exploitation du Delta du Fleuve Sénégal. Aboubacry Sow en est le directeur : « les conseils que l’on donne, c'est d’essayer de voir comment mettre en place les semis le plus tôt possible pour permettre donc peut-être la récolte au mois de juin au plus tard au mois de juillet avant que la saison des pluies ne s’installe. »

À terme, l’objectif est d’arriver à généraliser la double culture et d’enfin s’approcher de l’autosuffisance en riz. Le Sénégal importe encore un million de tonnes de riz par an.

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