Afrique économie

L’Ethiopie interdit les véhicules thermiques sans être prête pour l'électrique

Publié le :

En début d’année, le gouvernement a pris une résolution drastique et a interdit toutes les importations de voitures thermiques. Désormais, seule l’importation de voitures électriques est autorisée pour les particuliers comme pour les entreprises. La mesure est pour le moins radicale et peut surprendre dans un pays où 50% de la population n’a pas accès à l’électricité.

Un piéton passe devant une voiture recouverte de boiseries et avec un jardin de plantes en pot fixé sur le toit, faisant la publicité d'une entreprise de meubles et de design, dans le centre-ville d'Addis-Abeba, en Éthiopie, le lundi 28 juin 2021. (Image d'illustration)
Un piéton passe devant une voiture recouverte de boiseries et avec un jardin de plantes en pot fixé sur le toit, faisant la publicité d'une entreprise de meubles et de design, dans le centre-ville d'Addis-Abeba, en Éthiopie, le lundi 28 juin 2021. (Image d'illustration) AP - Ben Curtis
Publicité

Avec notre correspondante à Addis-Abeba,

Le gouvernement invoque des raisons environnementales, mais surtout économiques pour la mise en place de cette mesure. Il veut pousser à la consommation d’électricité dont la production explose en Éthiopie depuis la mise en route du grand barrage sur le Nil et ainsi importer moins de carburant.

Car à Addis-Abeba, aux stations essence, il ne faut pas moins de deux heures d’attente pour faire le plein. Mais maintenant, Nati, chauffeur de VTC, s’en moque, car depuis deux mois, il roule en voiture électrique. « J’économise beaucoup d’argent en carburant et c’est une voiture toute neuve, se réjouit-il. Je l’aime bien, c’est pour ça que je l’ai achetée ». Nati dépense 14 euros en électricité par mois, contre 160 avant en carburant.

Mais aucune station de charge n’est encore ouverte dans le pays, il faut brancher la voiture à la maison sur une prise spéciale. Ce qui n’est pas sans problème, car les coupures de courant sont très fréquentes. « Parfois, il n’y a pas d’électricité, donc on ne part pas et on ne peut pas travailler. Donc, on attend juste que ça revienne », explique-t-il légèrement fataliste. Mais pour une voiture flambant neuve au design moderne, Nati est prêt à faire avec. Il a choisi une marque chinoise, beaucoup moins chère que les européennes.

De nouvelles compétences

Les voitures électriques se sont multipliées dans les rues d'Addis-Abeba. Chez les concessionnaires, il n'y a plus que ça. Comme chez Samuel Addisalem, il s'est spécialisé dans la vente et la réparation de voitures électriques, bien plus abordables que les voitures à essence, grâce à une baisse des taxes mise en place il y a deux ans par le gouvernement. « Nous avons construit ce nouvel espace, on l’utilise pour réparer les véhicules, c’est le garage », nous montre-t-il.

À lire aussiLes difficultés du kényan Mobius illustrent les défis de l’automobile «made in Africa»

Samuel a passé un accord avec un fabricant chinois. « Nous envoyons nos employés se former en Chine et nous avons ramené un technicien de Chine pour continuer à les former ici, détaille le garagiste. Kim nous aide à réparer les voitures et à communiquer avec le fabricant. Il assure le service après-vente. »

Un coût encore très élevé

Les potentiels clients restent méfiants. Il est encore difficile de connaître la longévité et la fiabilité des batteries. Mais surtout, l’achat d’une voiture reste un luxe. Il faut compter 25 000 euros en moyenne. « Si vous achetez une voiture, ça veut dire que vous êtes dans la courbe des revenus moyens, car les voitures sont très chères en Éthiopie en raison des taxes plus élevées que dans d'autres pays, souligne Samson Behrane, analyste financier. En ce qui concerne les voitures électriques, le gouvernement a procédé à de nombreux ajustements. Mais le problème, c'est que les coûts logistiques restent très élevés. Les importateurs et les vendeurs se font aussi de grosses marges. »

En effet, les voitures importées transitent par le port de Djibouti avant de faire près de 900 km de route pour Addis-Abeba. Ces cinq dernières années, 100 000 voitures électriques ont été importées, le gouvernement vise 400 000 d’ici 2030.

À lire aussiComment renouveler le parc automobile africain?

NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail

Suivez toute l'actualité internationale en téléchargeant l'application RFI

Voir les autres épisodes