Au Maroc, le collectif GenZ 212 pousse le cri d'une jeunesse pauvre et au chômage
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Depuis le 27 septembre 2025, le Maroc est le théâtre d'une contestation sociale inédite par son ampleur. À l’appel du collectif GenZ 212, des centaines de jeunes manifestent pour réclamer davantage d'investissements dans la santé, l'éducation, mais aussi des conditions de vie dignes. Alors que le royaume renvoie l'image d’une économie en bonne santé, qui se modernise rapidement, comment expliquer ces revendications ?

Une croissance de 4,6% annoncée pour 2025, des investissements directs étrangers en nette hausse cette année, une inflation contenue depuis 2024... Au Maroc, les indicateurs mis en avant par les autorités sont au vert. Pourtant, il suffit de pousser la porte d'une maison d'un quartier populaire pour constater une réalité plus contrastée. « Quand quelqu'un trouve un travail payé 3 000 dirhams (283 euros), on est heureux pour lui, confie Fadil, étudiant sorti manifester plusieurs fois à l'appel de la GenZ 212. Ici, les gens travaillent juste pour ne pas rester à rien faire. »
40 euros la consultation médicale
Au Maroc, près de 36 % des 15-24 ans sont au chômage. Ceux qui ont la chance d'avoir un emploi doivent faire face à un coût de la vie élevé, notamment en matière de frais de santé. « Si je veux me soigner, dans le public, je ne vais rien trouver, se plaint Fadil. Si je vais à la clinique, ils vont me demander 40 euros rien que pour une consultation. C'est 10% de mon salaire. »
Le royaume renvoie l'image d'un pays émergent, en plein boom, couvert de chantiers. Mais pour Najib Akesbi, économiste, il y a un problème d'affectation des ressources : « Les besoins de la majorité de la population ne sont de toute évidence pas ceux qui sont pris en compte en priorité. Par contre, des dépenses ostentatoires de prestige, de vitrine sont privilégiées. C'est le grand décalage. »
Des investissements qui, trop souvent, ne sont « pas rentabilisés »
Les grandes infrastructures sportives, les stades rénovés ou construits pour la CAN et la Coupe du monde de football pour une enveloppe de près de 2 milliards d'euros, en sont l'exemple le plus frappant, selon cet économiste. « Le grand problème au Maroc, c'est qu'on investit massivement, mais dans des investissements qui, trop souvent, ne sont pas rentabilisés, ne génèrent ni assez de croissance ni assez d'emplois », déplore-t-il.
Le budget du ministère de la Santé a augmenté de plus de 30% entre 2022 et 2024. Les besoins de base ne sont, pour autant, pas encore satisfaits, explique Najib Akesbi : « Les moyens matériels des gens, les médicaments qui manquent dans les hôpitaux, les outils, les instruments de travail... Aucune réforme sérieuse crédible n'est réalisée. »
Si la proportion de Marocains en situation de pauvreté a baissé en 10 ans, s'établissant à 7% en 2024, soit cinq points de moins, les zones rurales et cinq des douze régions du royaume réunissent près de 70% de la population pauvre.
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