Sénégal: le lac Rose qui a perdu sa couleur fait blêmir le secteur du tourisme [2/2]
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Au Sénégal, le lac Retba, surnommé lac Rose à cause de sa couleur particulière, n’est plus rose. Les fortes pluies à l’été 2022 lui ont fait perdre sa couleur. Un coup dur pour les professionnels du tourisme, car c’est normalement le deuxième site le plus visité du pays qui fait vivre plusieurs milliers de personnes. Inquiets pour leur activité, ils tentent de varier leur offre.

De notre correspondante à Dakar,
Dans les allées du marché artisanal du lac Rose, Alexandra, une touriste portugaise, fait du lèche-vitrine. Elle hésite encore à faire la traditionnelle balade en pirogue sur le lac, car elle est déçue par le paysage :
– Je suis venue au lac Rose, car j’ai vu tellement de photos… je rêvais de le voir, mais j’ai été déçue
– Parce qu’il n’est plus rose ?
– Vraiment plus une once de rose… C’est un bel endroit, les gens sont très gentils, mais le lac n’est pas rose.
Les touristes commencent à déserter le lac Retba, qui a perdu sa couleur rose en août dernier après la montée du niveau de l’eau. Les eaux des pluies des banlieues alentour ont été déversées dans le lac, et les micro-algues qui le coloraient ont été diluées. Les artisans sont dépités. « On est en pleine saison, mais les touristes sont rares », se désole Mor Gueye, président des artisans du lac Rose. « Avant le Covid, ça marchait bien, on pouvait gagner de 80 à 100 000 francs CFA par jour (152,18 euros). Actuellement, pour pouvoir gagner 1 000 francs par jour (1,52 euro), c’est un peu difficile ».
La boutique de Mor Gueye a été engloutie par les eaux, comme le restaurant d’Amadou Ndir sur les rives du lac. « Ah, c’était bien, il y avait des transats partout. Les bouts de bois que tu vois, ce sont les restes des paillotes, explique le restaurateur qui attend toujours un geste de l’État. « Ils nous ont demandé d’écrire pour nous dédommager. On l’a fait. Ils nous ont répondu. Mais il n’y a rien qui est venu », déplore-t-il.
Garder les touristes
Pour les hôteliers aussi, c'est un coup dur. Amadou Bocum Diouf est président du syndicat d’initiative et tourisme du lac Rose, et propriétaire d’un hôtel. Alors qu’on est encore en pleine saison, moins de 10 chambres sur 50 sont occupées. « Ce qui est sûr, c’est que si l’on ne fait rien, l’année prochaine, il n’y aura plus de touristes au lac Rose. Car les gens vont savoir que le lac n’est plus rose. On sera obligé de fermer ou de diminuer considérablement le nombre d’employés, redoute l’hôtelier. Les charges ne seront pas gérables ».
Pour essayer de faire vivre le tourisme, les guides et les agences de voyage proposent d’autres activités dans les dunes derrière le lac Rose, un site connu pour avoir été l’arrivée du Paris-Dakar : « Pour ne pas perdre les gens qui viennent ici, quand le lac n’est pas rose, on propose des activités comme les balades en quad, en 4x4, en dromadaire ou à cheval ».
L’Office du tourisme avec d’autres acteurs locaux a commencé à pomper l’eau du lac fin février pour tenter faire baisser le niveau en espérant sauver la saison prochaine.
► À lire aussi : Sénégal: sur les bords du lac Rose, les extracteurs de sel minés par la montée des eaux [1/2]
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