Zlecaf: surmonter les rigidités du commerce intra africain [2/3]
Publié le :
Le libre-échange africain a besoin du secteur privé. C'est l'appel lancé depuis le Cap par le secrétaire de la Zlecaf, la Zone de libre-échange continentale africaine. Un forum des affaires dédié aux entreprises s’est tenu du 16 au 18 avril. Une aubaine pour les entrepreneurs. Mais quelles sont leurs attentes ?

De notre envoyé spécial au Cap,
Un mot est sur toutes les lèvres : harmonisation. Les lourdeurs administratives plombent le commerce intracontinental, selon la Béninoise Koubourath F. Bara. Elle aide des marques africaines à se développer avec son entreprise Target Afrik Negoce. « Le fait de passer une frontière, c’est compliqué parce qu’on connaît la lenteur administrative, la non-normalisation des règles, etc. Ce qui rend les choses plus difficiles pour nous », explique-t-elle.
Les entrepreneurs comme Koubourath Bara attendent aussi de la Zlecaf qu'elle fasse baisser les prix et les délais de transport de marchandises. « Je contacte une entreprise marocaine [qui travaille depuis] un quart de siècle dans la production de bougies artisanales. Je voulais les amener en Afrique de l’Ouest. Les prix sont corrects. Mais le coût logistique à appliquer est trois fois supérieur au prix d’envoi. Sans compter la douane. C’est hyper compliqué ! », ajoute Koubourath Bara.
► À lire aussi : Zlecaf: bilan des six mois de l'initiative guidée
Des mouvements entravés
S'il est beaucoup question de la libre circulation des biens, qu'en est-il des personnes ? Comment entreprendre sur le continent si les mouvements sont entravés. Candide Leguede est Togolaise et présidente de la Fédération des femmes entrepreneurs et femmes d'affaires de la Cédéao. Elle a accumulé assez de mauvaises expériences pour se plaindre.
« J’ai quitté le Togo et il m’a fallu vingt-six heures pour arriver ici au Cap. Le billet d’avion est cher, il faut un visa bien que l’on soit Africain. Comme il n’y a pas d’ambassade de l’Afrique du Sud au Togo, il faut aller au Bénin ou au Ghana. Déposer ses papiers deux semaines en avance. C’est une aberration ! Ce devrait être l’une des priorités à laquelle il faut s’attaquer », explique Candide Leguede.
« Pourquoi pas carrément supprimer les frontières comme en Europe ou aux États-Unis ? »
Et si on abattait les frontières ? Patient Sayiba Tambwe, adhère à cette idée. Le président directeur général d'African Desk aide déjà les entreprises à rendre leurs échanges sur le continent plus fluide. « Pourquoi pas carrément supprimer les frontières comme en Europe ou aux États-Unis ? Donc, une marchandise qui part de la Belgique jusqu’en Suisse n’a pas de barrière. C’est ce que nous souhaitons pour l’Afrique. Et c’est cela le bien-fondé de la Zlecaf », plaide-t-il.
Loin des idéaux libre-échangistes, la question de la frontière, ici en Afrique du Sud, est souvent traitée sous le prisme sécuritaire. La libre circulation des biens risque de prendre le pas sur celle des personnes.
NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail
Je m'abonne