Questions d'environnement

Les tempêtes en chaîne ne règlent pas la sècheresse historique en Californie

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Alors que Joe Biden, le président des Etats-Unis, était en Californie ce jeudi auprès d’habitants affectés par les violentes tempêtes de ces dernières semaines, le journal de l’environnement de RFI vous explique pourquoi ces pluies torrentielles ne règleront pas le problème de la sècheresse dans le Golden State. Au menu également : le Kenya qui s’apprête à tuer six millions d’oiseaux qui ravagent les champs, le Honduras qui a perdu 10% de ses forêts depuis 2010 et le rhinocéros indien qui se porte bien dans le parc de Kaziranga en Inde.

Des nuages ​​​​d'orage recouvrent la ligne d'horizon de Los Angeles vue depuis la zone de loisirs de l'État de Kenneth Hahn après une tempête de pluie à Los Angeles en Californie, le mardi 17 janvier 2023.
Des nuages ​​​​d'orage recouvrent la ligne d'horizon de Los Angeles vue depuis la zone de loisirs de l'État de Kenneth Hahn après une tempête de pluie à Los Angeles en Californie, le mardi 17 janvier 2023. AP - Damian Dovarganes
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Après avoir survolé ce jeudi les zones inondées par les tempêtes et pluies torrentielles qui ont fait 20 morts en Californie, le président des Etat-Unis, Joe Biden, s'est dit « prudemment optimiste que le pire soit passé ».

Ces tempêtes hivernales surviennent alors que cet état du sud-ouest américain vit une sécheresse historique. Toutes ces précipitations ont évidemment rempli certains réservoirs. Mais en réalité, beaucoup de pluie d'un seul coup, c'est problématique.

« Quand le sol est très sec à cause du manque de précipitations et d'une météo très chaude pendant l'été et que, d'un seul coup, il y a énormément de pluie, toute l'eau ne parvient pas s'infiltrer. Une partie s'échappe à la surface et cela provoque des coulées de boue et des glissements de terrain », explique le scientifique du climat à l'université de Stanford en Californie, Noah Diffenbaugh.

« Si ces tempêtes et ce volume d'eau s'étaient échelonnés sur plusieurs mois, cela aurait été plus facile pour les sols d'absorber l'eau sans qu'il y ait d'inondations. Mais nous avons eu plus de six tempêtes consécutives en seulement trois semaines », rappelle le professeur.

Cette configuration avec « des tempêtes intenses qui s'enchaînent sur une sécheresse historique » va devenir « de plus en plus commune en Californie à cause du changement climatique », note le chercheur. « Les scientifiques l'avaient prévu il y a des décennies et nous le vivons aujourd'hui. »

La sécheresse a aussi de lourdes conséquences au Kenya.

Et notamment pour le travailleur à bec rouge. On l'appelle aussi le mange-mil. C'est un petit oiseau de la famille des passereaux qui vit en colonies très denses. Il est redouté des agriculteurs africains pour les dégâts qu'il cause sur les cultures.

Ce phénomène est aujourd’hui amplifié par la sécheresse : le mange-mil manque de nourriture dans la nature, alors il se reporte sur les champs des fermiers.

Les autorités kényanes ont donc pour projet d'en tuer 6 millions en pulvérisant un pesticide : le fenthion. Un choix décrié car il frappe également d'autres animaux, en premier lieu les rapaces, déjà menacés dans le pays.

À propos de pesticides, une décision de justice européenne sur les néonicotinoïdes fait trembler les betteraviers français

Les « neonics », comme on les surnomme, sont ces produits chimiques à l'origine du déclin massif des abeilles. Ils sont interdits dans l'Union européenne depuis 2018. Pourtant une dizaine de pays membres font des « autorisations d'urgence ». La France s'apprête à en renouveler une pour protéger la betterave de la jaunisse. Mais la Cour de justice de l'UE vient d'estimer qu'aucune dérogation n'est possible, y compris dans des circonstances exceptionnelles. Affaire à suivre donc.

Moins 10% d'arbres en seulement onze ans, c'est le chiffre de cette semaine

Il vient du Honduras où la présidente Xiomara Castro a accusé ses prédécesseurs d’irresponsabilité à ce propos.

Dans ce pays d'Amérique centrale, les forêts souffrent de l'agriculture et de l'élevage intensifs, un insecte les a ravagées et de nombreux arbres locaux ont été arrachés au profit d'essences plantées pour l'exportation. Mais ce n'est pas tout. Déforester, c'est aussi une manière de blanchir l'argent de la drogue au Honduras, dénonce, au micro de Justine Fontaine, le biologiste Gustavo Cabrera : « Une façon de blanchir l'argent au Honduras, c'est d'acheter de grands terrains pour l'élevage. Et, au lieu de prendre soin de la forêt, les gouvernements ont permis que ces narcotrafiquants arrachent les arbres pour créer leurs grandes prairies pour les bovins. »

Beaucoup de médias en avaient parlé... et pourtant c'est un projet très critiqué

L’usine de captage de CO2, installée en Islande par la société suisse Climeworks, vient d'émettre ces premiers certificats de retrait de gaz carbonique de l'atmosphère. Une façon, selon les promoteurs du projet, de compenser les émissions responsables du changement climatique. Sauf que, l'entreprise n'a pas fourni la quantité de CO2 aspiré. Le projet est controversé en raison de son coût énergétique mais aussi de son maigre impact: une usine comme celle-ci n'élimine, en un an, que ce que l'humanité produit en quelques secondes.

Enfin la bonne nouvelle de ce vendredi nous vient du parc national de Kaziranga, au nord-est de l'Inde

Et elle concerne les rhinocéros indiens, seuls rhinocéros à avoir une seule corne. En 2022, aucun individu de l’espèce n'a été braconné dans ce parc national. Ce n'est pas rien car ce parc constitue la plus grande réserve de rhinocéros indiens, une espèce vulnérable, et que cela n'était pas arrivé depuis 1977.

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