Questions d'environnement

Qui veut la peau du bio?

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C'est aujourd'hui la Journée européenne du bio. Mais l'agriculture biologique est en crise, notamment en France, alors que les prix limitent la consommation.

La Journée est européenne du bio est célébrée tous les 23 septembre, jour de l'équinoxe d'automne, symbole d'équilibre rappelant l'harmonie entre l'agriculture et l'environnement.
La Journée est européenne du bio est célébrée tous les 23 septembre, jour de l'équinoxe d'automne, symbole d'équilibre rappelant l'harmonie entre l'agriculture et l'environnement. © Capture d'écran www.agencebio.org/
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L'Union européenne célèbre chaque année la Journée du bio, après avoir fixé en 2021 un objectif ambitieux : consacrer au bio, en 2030, 25% des terres agricoles européennes. Un objectif « hors de portée », a estimé dernièrement la Cour des comptes européenne, tant le secteur de « la bio » affronte des difficultés. Après des années d'essor, « l'agriculture bio traverse une crise sans précédent, constate Julien Bourgeois, président de FOREBio, une fédération d'agriculteurs et d'entreprises. Suite à la crise du Covid et à la hausse des prix de l'énergie, on a eu des hausses de charges dans les fermes, avec des prix qui ont baissé dans la filière bio parce qu'on a connu pour la première fois une saturation du marché. Certains ont ainsi préféré arrêter l'agriculture biologique. »

La part des surfaces bio en France a ainsi reculé ces deux dernières années, avec à peine 10% aujourd'hui. C'est dans la moyenne européenne, sachant qu'en Autriche, un quart des surfaces agricoles sont bio, et c'est même 45% pour le Liechtenstein, qui n'est pas dans l'UE, et qui n’a donc pas que des banques sur son petit territoire coincé entre l’Allemagne et la Suisse. Au niveau mondial, le bio représente tout juste 2% des terres agricoles.

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Prix en baisse dans les fermes, en hausse dans les magasins

Mais la consommation semble reprendre cette année en France, timidement, après des années de recul. Le bio représente un peu plus de 4% des ventes, ce qui reste très marginal. Parce que le bio coûte beaucoup plus cher à produire que l'agriculture conventionnelle, intensive, qui utilise des pesticides (il y a donc moins de pertes), sur de grandes surfaces (il y a donc des économies d'échelle). Le bio coûte cher à produire et il se retrouve encore plus cher dans les rayons des magasins qui ne lésinent pas sur leurs marges. « Depuis deux ou trois ans, les prix ont baissé à la production (on arrivait à une saturation des volumes), mais les prix n’ont pas baissé dans les rayons, constate Julien Bourgeois, qui produit des céréales et de la viande bio dans l'Yonne, en Bourgogne. Donc là, il s’agit d’un positionnement commercial des produits bio comme produits d’élite, le summum de la qualité, ce qui peut s’entendre. Mais il y a certainement eu des augmentations de marges. Et avec les Français qui ont un peu moins de sous dans leurs portefeuilles, ça n’a pas aidé à apporter du crédit au bio. » Sans parler de la grande distribution qui a sorti de ses rayons un quart des produits bio.

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Pourquoi aider le bio ?

Les acteurs politiques français aussi s'en prennent au bio. Le sénateur Laurent Duplomb, et sa loi très controversée et partiellement censurée, voulait par exemple supprimer l'Agence bio, une agence gouvernementale qui fait la promotion de l'agriculture biologique. Le gouvernement sortant vient d'ailleurs de lui sucrer 15 millions d'euros de budget. Ces dernières années, la France a aussi supprimé des aides à l'installation ou à la conversion vers l'agriculture biologique.

Mais pourquoi faudrait-il aider l'agriculture bio ? En Europe, on aide bien l'agriculture conventionnelle, intensive, avec la PAC, la Politique agricole commune, depuis les années 1960. La bio en bénéficie, mais pour seulement 1%, ce qui n’est pas cher payé au regard des bénéfices environnementaux que procure l'agriculture bio. « Dès lors qu’on est dans des pratiques bio, le seul fait de ne pas utiliser de désherbants, d’insecticides, c’est déjà favorable à la biodiversité, rappelle Julien Bourgeois, de FOREBio. On répond aujourd’hui à des enjeux de société. On l’a vu par le passé, la bio a connu des phases de croissance à chaque grosse crise sanitaire, comme la vache folle » Si on mangeait beaucoup moins de vache, justement, l’agriculture bio pourrait nourrir toute la planète – si c’est pas bio, ça…

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