Des milliards de moustiques bientôt lâchés dans le ciel du Brésil
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Et dans le reste de l’actualité, des eaux qui se réchauffent toujours plus, perturbent les ressources halieutiques et des oiseaux qui battent des records de vitesse pour effectuer leur migration.

Le Programme mondial de lutte contre les moustiques a annoncé la semaine dernière la création d’une « ferme à moustiques », au Brésil, dont le lieu précis n’est pas encore connu. Le projet de 18 millions d’euros vise à lutter contre la dengue, une maladie qui a touché 1,2 million de personnes en 2022 dans ce pays, selon l’Organisation mondiale de la Santé, dont plusieurs centaines de cas mortellement.
La méthode : produire des moustiques en batterie, porteurs d’une bactérie qui les empêche de transmettre la maladie aux humains. « On ne va pas induire une suppression de moustiques mais on va essayer de remplacer un moustique qui est capable de transmettre le virus par un moustique qui est incapable de transmettre le virus. Donc on ne va pas induire une espèce de trou écologique qui va peut-être laisser la place à une autre espèce de moustique qui pourrait la coloniser. On va essayer de travailler sur l’équilibre des populations », explique Anna-Bella Failloux, entomologiste médicale à l’Institut Pasteur de Paris auprès de RFI.
Elle est étudiée depuis plus d’une dizaine d’années dans des zones urbaines d’une douzaine de pays, en Asie notamment (Vietnam, Indonésie, Australie…), et plusieurs villes du Brésil, avec succès. Parmi elles, « la commune de Niterói [dans l’État de Rio de Janeiro], où les cas de dengue, de chikungunya et de Zika ont été réduits respectivement de 76%, de 56% et de 37% », grâce à ce procédé, détaille le média lusophone Veja, relayé par Courrier international. Elle vise cette fois à fonctionner à l’échelle nationale. Si bien qu’à partir de 2024, cinq milliards de moustiques modifiés seront relâchés dans la nature chaque année. Ambitieux, l’objectif est de protéger 70 millions de Brésiliens de la dengue.
« En même temps, il ne faut pas négliger qu’il y a d’autres aspects : la vaccination, mais aussi tout ce qui est lutte mécanique, nettoyer les jardins, enlever les soucoupes d’eau qui peuvent être des sites de développement du moustique », rappelle l’entomologiste.
En bref
- La sécheresse déjà à l'assaut de l'Europe
Plus d'un quart du continent européen et du bassin méditerranéen souffrait de sécheresse des sols début avril, selon les données satellitaires du programme européen Copernicus, analysées jeudi par l'AFP. 28,65% du territoire étudié par l'European Drought Observatory (EDO, Observatoire européen de la sécheresse) - soit l'Europe jusqu'à la Turquie et le Caucase ainsi que le littoral du Maghreb - était en situation de sécheresse du 1er avril au 10 avril 2023, selon ces données. Les principales zones concernées sont la Scandinavie, l'Irlande, le nord de la Pologne, l'Espagne, la Turquie et les rives occidentales de la Mer Noire, ainsi que le nord du Maghreb et le Caucase. Au total, 25% de la zone observée est en situation de déficit d'humidité des sols, en général conséquence d'un manque de pluie, et 3,57% connaît une « anomalie du développement de la végétation », l'état d'alerte supérieur. Ce stress de la végétation, synonyme de pertes agricoles significatives, est repéré principalement au Maghreb, dans certaines zones du sud de l'Espagne, du centre de l'Irlande et en Turquie.
- La surface de l’océan atteint une température moyenne record
21,1°C, c'est la température enregistrée du 1er au 6 avril à la surface des eaux en moyenne dans le monde, selon les données de l'Agence américaine d'observation océanique et atmosphérique répertoriées par ClimateReanalyzer. Cela n'était jamais arrivé depuis le début des mesures en 1981. Le précédent record (à 21°C) datait de mars 2016. Et il a été battu alors que touche à sa fin le phénomène la Niña, phénomène qui correspond pourtant au refroidissement à grande échelle des eaux de surface dans le centre et l’est du Pacifique équatorial. À l'opposé, El Niño, qui réchauffe les eaux, pourrait bien faire son retour dans les prochains mois. L'Organisation météorologique mondiale estime à 55% la probabilité de son apparition entre juin et août.
- Un océan de plus en plus chaud qui trouble la ressource
Réchauffement des eaux, acidification des océans, ou encore perturbation des courants… Tous ces facteurs impactent les ressources halieutiques. Au Ghana, le changement climatique pourrait à lui seul réduire le potentiel de pêche du pays de 25%, fait savoir la Banque mondiale. Ce pays n’est pas le seul pays concerné : RDC, Côte d’Ivoire, Guinée équatoriale, Gabon, Liberia, mais également les Caraïbes. Pour lutter contre ce phénomène qui a des conséquences économiques et sur les modes de vie, différentes initiatives se mettent en place : organisation régionale, fonds dédiés ou encore plantation de mangroves…
- Les chauves-souris américaines, énième victimes du changement climatique
Selon une étude de l’Alliance nord-américaine pour la protection de la chauve-souris, 81 espèces de ces volatiles sur les 154 recensées aux États-Unis, au Mexique et au Canada ont vu leur population chuter, ces quinze dernières années. En cause : le changement climatique, la propagation de maladies et la disparition de leurs habitats.
Jean-François Julien, chiroptérologue attaché au Muséum national d’histoire naturelle, rappelle le rôle essentiel des quelque 1 500 espèces de chauve-souris dans notre alimentation : « Il y en a beaucoup qui consomme des insectes herbivores, dont des ravageurs du coton, du maïs, du riz, des pommes, de la vigne, etc. Pour les frugivores qui se nourrissent de fruits, de nectar, voire de pétale de fleurs, il y a deux rôles primordiaux. D’une part, la pollinisation, extrêmement importante pour le baobab, le durian, le manguier dans une moindre mesure. Le deuxième rôle, c’est la dissémination des graines. C’est-à-dire que les chauves-souris frugivores vont soit transporter les fruits pour les manger ailleurs, soit transporter les graines dans le système digestif qu’elles expulseront ailleurs. Et là, elles auront un rôle très, très important dans la régénération des forêts, tropicales en particulier. »
Chaque année, la chauve-souris permet à l'agriculture américaine de gagner environ 3,7 milliards de dollars de rendement, selon l'Institut géologique américain.
- Dans le ciel toujours, les oiseaux migrateurs battent des records de vitesse
En tout cas au moins une espèce d’entre eux, la paruline flamboyante (American Redstart), qui est suivie à la trace depuis 33 ans. Elle vit et vole entre les Caraïbes et le Canada, a parfaitement senti le climat se réchauffer et s’y adapte de plusieurs manières. D'abord, elle reporte son départ des Caraïbes dix jours plus tard et augmente ensuite sa vitesse de 43% durant son trajet migratoire. Cette capacité d’adaptation est une bonne nouvelle, expliquent les auteurs de cette étude, mais il faut toutefois la relativiser. Les pauses du migrateur sur la route sont plus courtes, il trouve moins de nourriture et beaucoup meurent avant d’arriver à destination…

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