À l'approche du week-end de la Toussaint et du Jour des morts, quelles sont les funérailles les plus respectueuses de l'environnement et du climat ?

Il n’y a pas plus écologique que la mort. On n'a pas de meilleur bilan carbone que lorsque la vie s’arrête, puisqu’on ne mange plus, on ne consomme plus, on ne se déplace plus et on ne respire plus. Un être humain, vivant, aspire de l'oxygène et rejette du dioxyde de carbone, du CO2. Et selon un calcul très scientifique, chaque personne, chaque jour, émet près d'un kilo de CO2, si on considère une activité au repos. Résultat : la respiration humaine représente 4% des émissions totales de CO2, le principal gaz à effet de serre responsable de la crise climatique. C'est plus, par exemple, que le transport aérien.
Quand on meurt, vient l’heure des funérailles. D’un point de vue écologique, vaut-il mieux un enterrement ou une crémation ? Vaut-il mieux fumer les pissenlits par la racine, ou que nos racines partent en fumée ? C'est évidemment un choix très intime. Selon une étude de la Chambre syndicale française de l'art funéraire, l’impact carbone d’une inhumation est à peu près équivalent à celui d'une crémation – un enterrement émet environ 620 kg de CO2, et une incinération près de 650 kg de CO2. Pour avoir un élément de comparaison, un Paris-Kinshasa en avion pèse à peu près autant qu'un voyage pour l'éternité…
Funérailles vertes
On pourrait penser qu'une crémation a un bilan carbone beaucoup plus important, puisqu'on utilise du gaz pour faire brûler le corps. Mais pour une inhumation, il y a souvent un caveau, en béton (et le béton ce n'est pas bon), une pierre tombale, souvent importée de Chine (à 80% aujourd’hui en France). Un cercueil enterré continue aussi de polluer – les fameux feux follets qu’on peut parfois voir la nuit dans les cimetières sont issus d’émanations de méthane, puissant gaz à effet de serre, qui durent parfois pendant des décennies. En fait, ce qui pèse le plus dans des funérailles, à 40%, ce sont la cérémonie et le transport de ceux qui viendront pleurer sur votre tombe. Si vous vous voulez que votre enterrement soit le plus écologique possible, n'invitez personne !
Mais il existe une solution encore plus écologique, qu’on appelle la terramation, ou l'enterrement végétal, sans cercueil, qui se pratique déjà dans quelques États des États-Unis, mais d'une manière très contrôlée et finalement pas très naturelle, dans des entrepôts. En France, la terramation n'est pas autorisée, pas encore, mais une expérience a lieu en ce moment dans un cimetière de la région parisienne. On a enterré des brebis, sans cercueil, et la moitié d'entre elles ont été recouvertes de feuilles et de copeaux de bois, pour accélérer la décomposition du corps, en quelques mois, selon l'hypothèse de travail.
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De la mort à la vie
« Les feuilles et copeaux vont permettre à l’oxygène de circuler, ce qui va favoriser l’activité des bactéries (des bactéries présentes partout, sur les feuilles, dans la terre, sur le corps). Ce sont ces bactéries qui sont responsables de la dégradation. On obtient de l’humus, une sorte de terre, assez riche, qui va permettre à des végétaux, à des plantes et à des arbres de pousser. Donc oui, on a quelque chose qui peut être vertueux, dans le sens où le corps va retourner assez rapidement dans le cycle de la nature et du vivant », explique Damien Charabidze, biologiste et professeur à l'université de Lille, qui conduit cette expérience. L’humus issu de cette décomposition rapide du corps va rester sur place, dans le cimetière. Il n’est évidemment pas question de fabriquer du compost, le mettre en sac pour aller fertiliser des terres agricoles.
Cette expérience servira à alimenter le débat pour l’autorisation de la terramation que réclament des associations, pour une inhumation sans artifice et au plus proche de la nature. « On se rapproche de ce qui se passe dans la nature pour tous les êtres vivants qui meurent dans la nature, souligne Damien Charabidze. Il y a des procédés naturels qui permettent au corps de se dégrader, de repartir dans les écosystèmes. Finalement, quand une personne décède, ce n’est pas une fin, c’est simplement le début d’autre chose : redonner de la vie, parce que c’est ce que produit la décomposition ». On a donc la réponse à une question qui agite l'humanité depuis des millénaires : oui, il y a de la vie après la mort.
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