CGTN, China Global Television Network, a été autorisé à émettre en Europe, cette semaine, par le Conseil supérieur de l’audiovisuel.

Il y a un peu plus d’un mois, la télévision chinoise CGTN, l’ancienne CCTV, a été privée de diffusion au Royaume-Uni au motif qu’il s’agit d’une chaîne d’une instance politique, le parti communiste chinois, ce que la réglementation britannique interdit. L’autorité de régulation, l’Ofcom, a donc retiré son autorisation d’émettre à CGTN, China Global Television Network, et immanquablement, ça n’a pas tardé, BBC World a perdu sa licence en Chine.
La situation est d’autant plus crispée que les relations sino-britanniques sont très tendues du fait notamment de la loi sur la sécurité nationale à Hong Kong. Pékin, par exemple, ne reconnaît plus les passeports d’outre-mer britanniques qui permettent à des hongkongais, né avant la rétrocession, de trouver refuge au Royaume-Uni. Une procédure de sanction est en outre instruite par l’Ofcom contre CGTN pour sa couverture jugée « partiale, injuste et contraire au respect de la vie privée ». Sont visés non seulement le traitement des manifestations en faveur de la démocratie à Hong Kong, mais aussi la mise en scène sur cette chaîne, en 2014, d’aveux filmés d’un « suspect », Peter Humphray, qui se trouve être un sujet de sa majesté emprisonné deux ans en Chine.
Or voilà que CGTN, qui été bannie par Londres, revient par la grande porte : celle de l’Europe. Brexit ou pas, le Royaume-Uni est en effet signataire d’un accord qui permet à une chaîne internationale d’être diffusée sur son territoire dès lors qu’un pays du Conseil de l’Europe l’accepte. Comme CGTN a recours à une société française, Eutelsat, pour se distribuer par satellite, elle s’est tournée vers la France, où elle émet son signalet le CSA n’avait aucune raison de lui refuser qu’elle relève de sa compétence. Seulement, cela veut dire par la même occasion que c’est le CSA qui devra veiller à ce que ce qu’il n’y ait pas de manquement à l’honnêteté de l’information ou d’atteinte à la dignité humaine. On imagine que le traitement du sort des Ouighours va être suivi de près. Ce qui est probable, c’est qu’une interdiction de CGTV par l’instance de régulation française aurait des conséquences sur la présence de médias publics français en Chine.
La question se pose, comme on le voit en Australie où la chaîne SBS a suspendu deux journaux télévisés chinois de CGTN qu’elle diffusait tous les jours. Une association de défense des droits de l’homme, Safeguard Defenders, a en effet saisi la chaîne australienne car ce ne sont pas moins de 56 aveux obtenus sous la contrainte, ou la torture, qui ont été diffusés par ce moyen en Australie. Canberra attend maintenant la réaction de Pékin, qui ne devrait pas tarder.
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