Chronique des matières premières

La RDC impose des quotas sur les exportations de cobalt: quels impacts sur le marché?

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Il y a tout juste une semaine, le 16 octobre, la République démocratique du Congo levait l'interdiction d'exporter du cobalt issu de ses mines. Une interdiction désormais remplacée par un système de quotas, lequel a d'ores et déjà un effet sur les marchés. 

Le cobalt est un minerai très prisé, utilisé dans la fabrication notamment des batteries des téléphones portables, ordinateurs et des voitures électriques.
Le cobalt est un minerai très prisé, utilisé dans la fabrication notamment des batteries des téléphones portables, ordinateurs et des voitures électriques. Lucien KAHOZI / AFP
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Tout a commencé en février 2025, lorsque Kinshasa a suspendu les exportations de cobalt. Pour le marché mondial, c'était un coup de tonnerre, car la RDC représente les trois quarts de la production mondiale de ce métal, utilisé dans l'aéronautique, mais surtout dans les batteries. 

Cette interdiction a été levée il y a une semaine, le 16 octobre, mais remplacée par un système de quotas. Un peu plus de 18 000 tonnes exportées cette année, 96 000 par an pour 2026 et 2027 ; c'est moitié moins qu'en 2024. 

« On est à la limite du tolérable »

Avec cette mesure, Kinshasa entendait, entre autres, faire remonter les prix. Pour le moment, c'est chose faite : en début d'année, le cobalt était tombé à 21 000 dollars la tonne, au plus bas depuis dix ans. Le prix a depuis doublé à près de 44 000 dollars la tonne. Et cela pourrait aller plus loin. « Je m'attends à ce que les prix atteignent un pic à la fin de l'année, ou au début de l'année prochaine », estime Thomas Matthews, analyste chez CRU. Pour lui, cette politique des quotas va « soutenir les prix au moins jusqu'en 2027 ».

Ces quotas sont donc en train de réorganiser le marché. Mais pas forcément à l'avantage de Kinshasa. « On est à la limite du tolérable », a déclaré il y a quelques jours le directeur commercial de CMOC, géant chinois de l'extraction minière, qui prévient : les entreprises risquent d'être forcées de trouver des alternatives au cobalt si les prix ne retombent pas. 

Risque de contrebande

La Chine, premier client du cobalt congolais, émet donc un avertissement. Mais un avertissement à relativiser pour Raphaël Danino-Perraud, chercheur associé à l'IFRI : « Il y a quatre ans, les prix étaient plus hauts, et ils ne disaient pas que c'était inacceptable. » Cela fait plusieurs années que ce métal est peu à peu remplacé dans les batteries. Pour Thomas Matthews, il est « probable » que les mesures prises par la RDC ne parviennent pas à ralentir ce phénomène. 

Autre risque : celui de la contrebande. Des prix élevés et une politique stricte de quotas pourraient favoriser le commerce informel. « ​​​​​​​Ça n'est pas impossible », estime Raphaël Danino-Perraud. Alors, comment l'éviter ? Pour lui, favoriser la transformation locale « ​​​​​​​encouragera la formalisation de l'activité informelle ».

Côté congolais, l'Autorité de régulation et de contrôle des marchés des substances minérales et stratégiques du pays (ARECOMS) a mis en garde. Elle se réserve le droit d'exclure du système de quotas « ​​​​​​​toute entreprise ne respectant pas les lois et règlements en vigueur ». 

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