Comment le français a-t-il été imposé en Bretagne, en Afrique et ailleurs ?
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Quel a été le rôle de l'État français dans le déclin des langues locales en France ? Rozenn Milin a mené un travail d'enquête de près de dix ans.

Rozenn Milin a travaillé pendant sept ans sur le déclin des langues minoritaires en France et ailleurs dans le monde.
L'autrice, née en Bretagne, a été marquée par son histoire familiale. Petite, elle a vu les adultes autour d'elles d'exprimer en breton, sauf lorsque ces derniers s'adressaient aux enfants. Elle s'est alors demandée pourquoi cette langue était-elle «interdite» aux enfants ?
À ce moment-là, il y avait plus d'un million de locuteurs du breton, aujourd'hui qui, selon les chiffres de l'UNESCO, il ne resterait plus que quelques centaines de milliers de locuteurs.
Elle a découvert que toute une génération avait été interdite de parler le breton à l'époque. L'école a joué un rôle prépondérant : les enfants devaient parler le français et étaient sévèrement punis lorsqu'ils parlaient une autre langue que le français : ils étaient alors humiliés et devaient porter le «symbole» un objet lourd, type un sabot de bois, autour du cou. Cette méthode a également été utilisée dans d'autres régions de France et même à l'étranger.
L'objectif en France était de faire disparaître les langues locales : «anéantir les patois» pour créer une nation de langue unique. À l'origine, il y avait la peur que les langues soient utilisées pour véhiculer des idées contre-révolutionnaires. En Afrique, il s'agissait de former une élite intellectuelle.
C'est donc toute une génération traumatisée qui a interdit à ses enfants d'apprendre ou de parler la langue bretonne, ce qui a donné lieu à ce que des chercheurs ont appelé «suicide linguistique», un phénomène qui se produit partout dans le monde, lorsque des langues dites «minoritaires» sont confrontées à des langues dites «dominantes».
Rozenn Milin a entamé un travail de recherches auprès de témoins et a enquêté en Bretagne, mais aussi en Afrique (Côte d'Ivoire, Sénégal, Gabon...), où les méthodes d'imposition de la langue française à l'école ont perduré jusque très récemment.
Invitée : Rozenn Milin, historienne de formation, sociologue, autrice et journaliste. Rozenn Milin est titulaire d’un doctorat en sociologie. Son ouvrage «La honte et le châtiment. Imposer le français : Bretagne, France, Afrique et autres territoires» est publié aux éditions Champ Vallon.
Et comme chaque semaine, la chronique de Lucie Bouteloup décrypte les expressions de la langue française ! Cette semaine, «on décroche la timbale» avec Benjamin Roussel. Une chronique en partenariat avec les éditions Le Robert, avec la complicité des enfants de la classe de CM2 de l'École élémentaire Vulpian à Paris !
Programmation musicale :
- Le chanteur Denez Prigent avec le titre Gwerz Penmarch'
- Le groupe Malaka avec le titre Blaky blood.
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