Blaise Metreweli, première femme à la tête du MI6
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Une nomination historique au Royaume-Uni. Blaise Metreweli devient la première femme à prendre la tête des services de renseignements extérieurs, le MI6. Après une longue carrière dans les services secrets, à des postes opérationnels ou à la direction, elle sort de l'anonymat et succèdera cet automne à Richard Moore, chef des renseignements depuis 2020.

Regard bleu, cheveux blonds, boucles d’oreille en argent. Le portrait officiel publié par le gouvernement britannique est l'une des seules images qui circule de Blaise Metreweli. Elle est la future cheffe des services de renseignements du Royaume-Uni, que l'on connaît aussi sous le nom de code « C », l'équivalent du personnage de « M », interprété par l'actrice Judi Dench dans la saga James Bond. Blaise Metreweli est issue d'une famille originaire de l'Europe de l'Est, son patronyme est d’ailleurs le dérivé du nom géorgien Metreveli. Elle deviendra à l'automne la première femme à diriger le MI6 depuis sa création, en 1909.
Le Premier ministre britannique Keir Starmer a salué une nomination historique. « L'idée que le travail dans les renseignements est effectué par des sosies de Daniel Craig qui conduisent des voitures rapides et tirent sur des gens est fausse, mais elle a un impact réel sur les femmes qui voudraient faire carrière dans le renseignement, explique Dan Lomas, chercheur en relations internationales à l'université de Nottingham. Metreweli, fonctionnaire relativement jeune, très performante, je pense qu'il s'agit d'un signal fort. C’est la nomination d'une personne qui a été choisie sur la base de son CV. Mais cela dit aussi qu'il s'agit d'une personne qui est parvenue au sommet grâce à un travail acharné et qui peut potentiellement servir d'inspiration à la prochaine génération de femmes agentes », poursuit-il.
Une longue carrière dans les renseignements
Si en théorie, le chef des renseignements extérieurs britanniques est le seul membre du MI6 à être connu du grand public, beaucoup d'informations sont accessibles sur la vie et la carrière de l’agente de 47 ans. « Elle a rejoint le MI6 en 1999. Elle est diplômée en anthropologie de l'université de Cambridge. Elle a servi à l'étranger, dans certaines parties du Moyen-Orient et de l'Europe. Elle a travaillé un temps pour le MI5, les renseignements intérieurs. Et elle est actuellement à la tête de la branche Q du MI6, c'est-à -dire directrice des services d'innovation technique du Service des renseignements extérieurs. Ils sont chargés de créer des gadgets pour communiquer avec les agents à l'étranger », explique Dan Lomas. La branche Q, qui, elle aussi, dira peut-être quelque chose aux fans des aventures de l'agent 007.
En 2022, Blaise Metreweli a donné une interview dans le Financial Times sous couvert d'anonymat. « Ada », le nom d’emprunt qui lui permet de témoigner en tant qu’agente du MI6, y parle beaucoup de sa vie d'agent des renseignements en poste à l'étranger et de sa vie de mère. « Elle parle des problèmes liés au fait d'être à la fois enceinte et de travailler pour le MI6. On en apprend sur l'éducation de ses enfants, son engagement à travailler pour les services. Et sur l'amour qu'elle porte à son travail. Nous savons également qu'elle est assez athlétique », décrypte Dan Lomas de l’Université de Nottingham. On apprend dans la presse britannique que pendant ses études d'anthropologie, elle a fait partie de l'équipe d'aviron de Cambridge, et qu'elle s'est engagée pour que l'on recrute davantage de personnes neuro divergentes dans les services de renseignement.
Une geek autoproclamée
Dans l’interview qu’elle accorde en 2022 au Financial Times, Blaise Metreweli indique être une « geek autoproclamée ». Une compétence qui lui a sans aucun doute servi pour obtenir son nouveau poste. Pour le ministre britannique des Affaires étrangères, David Lammy, Blaise Metreweli était « une candidate idéale dans un contexte d'instabilité mondiale et de nouvelles menaces pour la sécurité de nos concitoyens ». La passion de la future cheffe du MI6 pour la technologie et l'IA est essentielle dans le contexte actuel. « Les auditeurs peuvent s'imaginer que lorsqu'on parle d'espions, on parle de personnes en trench-coat qui transmettent des documents avec un journal sous le bras, plaisante Dan Lomas. Ce type d'espionnage existe encore. Mais il y a certaines cibles qu'il est très, très difficile de rencontrer face à face. La Russie, l'Iran, la Chine... Comment communiquer avec eux ? L'habileté consiste aujourd'hui à utiliser des méthodes ancestrales, mais à les appuyer à l'aide des nouvelles technologies. C'est là que Metreweli entre en jeu. C'est une déclaration importante de la part du MI6 : il prend ses innovations technologiques au sérieux parce qu'il choisit de placer la directrice de la branche Q au poste le plus élevé ».
Blaise Metreweli va être confrontée à des défis majeurs durant son mandat à la tête du MI6. Jusqu'alors, la priorité des services de renseignements était la lutte contre le terrorisme. Aujourd'hui, les évolutions géopolitiques changent la donne. Pour Dan Lomas, ce sont certains États qui représentent désormais une menace pour le Royaume-Uni. Il évoque aussi la possibilité pour tout un chacun de faire du renseignement sur Internet. Face à ces enjeux, le MI6 va devoir se réinventer. La nouvelle cheffe du MI6 sera intronisée après l'été. Si Blaise Metreweli suit les traces de son prédécesseur Richard Moore, elle devrait être une figure présente dans les médias. Le dernier chef du MI6 avait surpris les participants du festival du Financial Times en septembre dernier. Il y avait mené une conférence conjointe avec le directeur de la CIA.
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