Journal d'Haïti et des Amériques

Constituante au Chili: avec la victoire de l’extrême-droite, «un cycle politique semble se refermer»

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La nouvelle Constitution chilienne sera écrite par la droite conservatrice. L’extrême-droite, nostalgique d’Augusto Pinochet, est arrivée en tête lors du scrutin du 7 mai 2023 qui visait à élire les 50 membres du Conseil. Ils seront chargés de rédiger le texte de cette nouvelle Constitution.

Des sympathisants du Parti républicain célèbrent les résultats du scrutin à Santiago, le 7 mai 2023.
Des sympathisants du Parti républicain célèbrent les résultats du scrutin à Santiago, le 7 mai 2023. © JAVIER TORRES/AFP
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L’extrême-droite chilienne savoure son triomphe. Le 7 mai 2023, elle est arrivée en tête de l’élection des membres du Conseil constitutionnel, avec 22 sièges sur 50. La coalition de gauche du président Gabriel Boric arrive deuxième, suivie de la droite traditionnelle. Ce Conseil devra remplacer la Constitution actuelle, rédigée sous la dictature de Pinochet. Mais le texte pourrait ne pas beaucoup changer, puisque l’extrême-droite, nostalgique de cette ère, est à la manœuvre et a même un droit de veto. « Ils ont assez peu l’ambition de changer le texte. Ils sont assez d’accord avec la Constitution de 1980 », explique Franck Gaudichaud, historien spécialiste du Chili, professeur à l’Université Toulouse-Jean-Jaurès, invité du Journal d’Haïti et des Amériques. « On aura sûrement un texte a minima, très libéral ou néo-libéral contre toutes les avancées proposées entre 2019 et 2021 », ajoute-t-il.

Ce triomphe du Parti républicain, parti d’extrême-droite, sonne donc « un nouvel échec, une nouvelle sanction » pour le président de gauche, Gabriel Boric, après le rejet du référendum de septembre 2022. Une Assemblée constituante, composée de représentants de la société civile, avait proposé un texte de Constitution, prévoyant de nouveaux droits sociaux, notamment pour les peuples autochtones ou encore le droit à l’avortement. « De nouveau, Gabriel Boric se trouve dans une position très difficile, analyse Franck Gaudichaud, avec une opposition qui va se radicaliser. Il a déjà beaucoup de mal à faire passer ses réformes, par exemple sa réforme fiscale, bloquée depuis le début de son mandat. Un cycle politique semble se refermer ».

L’historien note également que l’abstention et le vote nul ont été très importants, pour deux raisons : un brouillon de ce projet constitutionnel a déjà été rédigé par des experts, « sous contrôle des partis au Parlement. Le Parlement est déjà très bas dans les sondages en termes de légitimité, le taux d’approbation risque d’être assez bas », note Franck Gaudichaud. Le texte pourrait même être rejeté lors du référendum en décembre 2023. L’autre raison qui explique ce manque d’engouement est que les Chiliens ont d’autres préoccupations : « migration, insécurité, crise économique… l’extrême-droite a fait sa campagne dessus, explique l’historien. Ces thèmes sont désormais au centre de l’agenda et c’est sur cela qu’une partie des électeurs a voté ».

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