Emmanuel Lepage aux Kerguelen, l’archipel de la joie
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15 ans après «Voyage aux Iles de la Désolation», Emmanuel Lepage revient au récit de voyage, le temps d’une mission aux îles Kerguelen avec des scientifiques spécialistes des éléphants de mer.

En 2011, Emmanuel Lepage racontait en bande dessinée (Futuropolis) son voyage dans les Terres australes et antarctiques françaises (TAAF) entre les mois de mars et d’avril 2010, à bord du Marion Dufresne. En 2022, l’auteur de BD -également peintre officiel de la Marine- embarque à nouveau sur le «Marduf», à l’invitation de Christophe Guinet, responsable des programmes Éléphants de mer aux îles Kerguelen avec, dans sa besace, son carnet de croquis et ses pinceaux.
À peine le navire a-t-il appareillé de l’île de La Réunion que l’artiste se met à portraiturer ses compagnons de voyage, parmi lesquels une équipe de télévision venue tourner un reportage pour la chaîne franco-allemande Arte, mais aussi une myriade de scientifiques appelés à prendre le relais de leurs homologues présents dans l’archipel.
D’un bout à l’autre de ce récit de voyage, le lecteur se rend compte à quel point les rencontres humaines sont au cœur du travail d’Emmanuel Lepage, sans doute davantage encore que la majesté de la nature, les paysages grandioses et les animaux sauvages magnifiés par son talent. À la poésie des grands espaces se conjuguent les réflexions et les interrogations de ces femmes et de ces hommes «reclus volontaires».
Pour quelles raisons et dans quel but ces scientifiques, ces militaires, ces ouvriers polyvalents choisissent-ils de partir ainsi au bout du monde et de s’immerger en territoire parfois hostile avec des inconnus ? Entre appétits de découverte, nuits de doute, exploration de ses propres limites, solidarité quasi fraternelle, moments festifs et rigueur scientifique, c’est encore une fois à une exploration de l’être humain que nous convie l’auteur.
L’album présente aussi quelques-unes des recherches en cours sur les éléphants de mer, les manchots ou les autres oiseaux comme les skuas ou les pétrels bleus. Une double page explique, par exemple, la méthode utilisée pour poser une balise à un éléphant de mer. Une autre séquence met la focale sur les faux œufs que l’on pose dans les terriers des manchots pour enregistrer le rythme cardiaque pendant la couvaison…
Le récit ne fait pas l’impasse sur la délicate question de la chasse aux Kerguelen, qui a déjà déclenché bien des polémiques. Car contrairement à ce que l’on pourrait penser, la faune et la flore de l’archipel ne sont pas complètement préservées de l’activité humaine. Même s’il reste un fabuleux laboratoire.


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