Au théâtre, le «vivre ensemble» a droit de cité
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Au Théâtre de la Reine Blanche, Fais la chose juste, entre fiction et théâtre documentaire, interroge le rapport à la ville, le «vivre ensemble» et la gentrification en marche dans les banlieues françaises.

Clémentine Billy a grandi à Clichy (Hauts-de-Seine) dans la banlieue nord de Paris. C’est en voisine qu’elle a assisté à la démolition de la barre Sanzillon, une de ces barres d’habitation qui ont poussé en région parisienne dans les années 50 et 60, pour faire face à la crise du logement. Le sort de cet immeuble est à l’origine de Fais la chose juste, dont elle signe le texte et la mise en scène.
Tout part, en effet, d’une annonce qui tombe au cœur de l’été et qui va bouleverser la vie des personnages : la destruction prochaine de leur cité. Faut-il se résigner, s’en réjouir ou se révolter ? De quelle vision de la ville et du «vivre ensemble» cette décision est-elle le symptôme ? Incontestablement celui de la gentrification qui, lentement mais sûrement, transforme les quartiers populaires en faubourgs plus aisés, dynamitant en même temps la mixité sociale. S’est développé un phénomène que l’on désigne sous le nom de «solastalgie», une forme de détresse existentielle liée à une perte de repères qui renvoie à un passé familier.
Face à cette situation, quatre jeunes de la cité, José (Ilyes Hammadi Chassin), Roka (Nino Rocher), Manel (Maïka Loukairim) et Jade (Julia Cash) vont se mobiliser et monter un flashmob pour demander la réhabilitation de leur espace de vie. Leurs discussions seront également enrichies par le regard et l’expérience de Carlotte (Constance Guioullier), qui vient d’ouvrir un restaurant -franchement bobo- au cœur du quartier. Et par les conseils et les questionnements bienveillants de l’Enfant (Cindy Vincent), sorte d’ange protecteur, dont la présence apporte une touche onirique et poétique.
Clémentine Billy revendique une inspiration venue du film de Spike Lee Do the right thing. Mais pour nourrir les dialogues de la pièce, elle a aussi mené plusieurs entretiens sociologiques avec des habitants de la cité Sanzillon, qui ont ainsi partagé avec elle leurs réflexions sur leur relation à leur environnement, tant du point de vue esthétique que politique ou émotionnel. On le ressent dans chaque scène de la pièce : même dévalorisé aux yeux du plus grand nombre, ce lieu a une âme. Comme le dit Manel dans la pièce, «ce n’est pas un lieu qu’on aime, mais les habitants qui font ce lieu».
Fais la chose juste, texte et mise en scène de Clémentine Billy avec la compagnie Kebab Fictif, jusqu’au 30 novembre 2025 au Théâtre de la Reine Blanche.


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