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L'Asie centrale, et ses ressources, au centre de l'attention internationale

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C'est une région du monde dont on ne parle pas très souvent, l’Asie centrale. Les dirigeants des cinq pays de la région étaient reçus tous ensemble à la Maison Blanche jeudi. Ils ont des atouts qui intéressent les grandes puissances   

Le secrétaire d'État américain Marco Rubio s'exprime lors de la réception de bienvenue du C5+1 au département d'État à Washington, DC, le 5 novembre 2025.
Le secrétaire d'État américain Marco Rubio s'exprime lors de la réception de bienvenue du C5+1 au département d'État à Washington, DC, le 5 novembre 2025. © AFP - MANDEL NGAN
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C’est une première, les présidents de l’Ouzbékistan, du Kirghizstan, du Kazakhstan, du Tadjikistan et du Turkménistan ont eu droit à une réception collective par le président américain. C’est ce qu’on appelle le C5+1, un format créé au début des années 2 000 pour parler d’une même voix ou quasiment, et justement avec les États-Unis

Le moins que l'on puisse dire c'est que cela s'est bien passé. Donald Trump a vanté le potentiel incroyable de l'Asie centrale. Les États-Unis annoncent des investissements importants. L'atmosphère était plus que cordiale. « Vous êtes le grand leader, homme d'État, envoyé par le Ciel pour ramener du bon sens et les traditions », a loué le président du Kazakhstan, qui a profité de l'occasion pour rejoindre les accords d'Abraham, négocié par Donald Trump lors du premier mandat pour rapprocher Israël de certains de ses voisins arabes. C'est le premier à le faire au cours de ce mandat. De quoi faire plaisir à celui qui admire les régimes autoritaires et qui se voit en faiseur de paix. 

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Des ressources très recherchées

C'est que ces pays ont quelque chose que les États-Unis n’ont pas et que Donald Trump cherche absolument, frénétiquement même, depuis son retour : des ressources minières et les fameuses terres rares, ces matières premières indispensables à de nombreuses industries de haute technologie. Donald Trump s’y intéresse où qu'elles soient. Au Groenland, en Ukraine, en RDC... Partout. Lors de sa tournée asiatique la semaine dernière, cela a été l’un des éléments essentiels de sa rencontre avec Xi Jinping. Parce que la Chine maîtrise 90% des terres rares raffinées. Et cela lui donne un levier de négociation très important. Elle a ainsi obtenu que les États-Unis abandonnent leurs surtaxes douanières, en échange de la suspension pour un an des restrictions à l’exportation de terre rares. Autrement dit, les États-Unis ne sont pas du tout en position de force dans ce domaine.  

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Concurrence diplomatique

C’est aussi la raison pour laquelle il y a dans cette zone une forte concurrence, malgré un environnement pas facile. La zone est désertique, montagneuse, enclavée au milieu de pays pas forcément amis des États-Unis comme l’Iran ou l’Afghanistan. La Chine, y joue un grand rôle. Elle est voisine de ces pays d’Asie centrale. Elle y a bâti des infrastructures liées à son initiative des nouvelles routes de la soie. L’autre géant, c’est la Russie, puissance tutélaire jusqu’à l'éclatement de l’URSS. Elle joue un rôle essentiel en matière de sécurité et dans les infrastructures de transports ou énergétiques, encore largement orientées vers Moscou. Dernier bloc intéressé, l’Europe, qui propose aussi de participer au désenclavement de la région, en passant par le Caucase, pour contourner la Russie

C’est un vrai ballet diplomatique qui vient de se dérouler en quelques mois autour de ces cinq pays. La présidente de l'Union européenne Ursula von der Leyen s’est déplacée en avril, Xi Jinping en juin et Vladimir Poutine en octobre. Excusez du peu. Donald Trump le savait et il est donc probable que les cinq présidents, internationalement courtisés, avaient parfaitement conscience de leur importance et de leurs atouts quand ils sont arrivés à Washington. Cela ne pouvait donc pas mal se passer. 

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