En Équateur, le rapprochement avec les États-Unis ralenti par les électeurs
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Direction aujourd’hui l’Amérique du Sud et plus précisément l’Équateur. Le pays a décidé hier, à l’occasion d’un référendum, de refuser d'aller vers davantage de liens avec les États-Unis comme le souhaitait le président.

Parmi les questions posées aux 14 millions d’électeurs – qui y ont répondu par la négative –, il y avait la proposition de rédiger une nouvelle Constitution moins contraignante pour la présidence, et celle concernant l’autorisation de l’installation de bases militaires étrangères sur le sol équatorien. Elles sont interdites depuis 2008 sur décision de l'ex-président de gauche Rafael Correa. Les forces américaines ont quitté depuis cette époque la base aérienne de Manta, sur la côte Pacifique, qui leur servait de point d’appui dans la lutte contre le narcotrafic.
Dégradation de la sécurité
Mais entre-temps, la situation a changé. La situation sécuritaire notamment qui s’est dégradée. La criminalité a fortement augmenté dans le pays. En cause, les narcotrafiquants de la région qui utilisent les ports équatoriens, à proximité de la Colombie, pour exporter leur production. La situation politique a également changé. Exit Rafael Correa et place à Daniel Noboa, plus à droite, plus jeune et plus décomplexé, héritier de l’une des plus grandes fortunes du pays. Il s’est fait élire – et a été réélu en avril dernier pour un mandat complet – sur la promesse de combattre la criminalité. L’un des principaux narcotrafiquants du pays a d’ailleurs été arrêté en Espagne. Le président Noboa s’est fait un plaisir de l’annoncer le jour même du référendum, ce qui n’est évidemment pas un hasard, mais qui n'a pas suffi. Daniel Noboa a aussi fait construire une prison de haute sécurité qui inquiète les défenseurs des droits humains, au moment où les violences sont récurrentes dans le système carcéral équatorien.
Proximité naturelle et affichée
Daniel Noboa affiche aussi sa proximité avec Donald Trump. Il est né à Miami, en Floride, l'État d'adoption du président américain. Il a fait ses études aux États-Unis et possède également la citoyenneté américaine. Il y a donc une proximité presque naturelle avec son homologue américain, à qui il a d’ailleurs rendu visite dans sa résidence de Mar-a-Lago, en Floride, juste avant sa réélection en avril dernier. On ne sait pas ce qui a été négocié, mais Daniel Noboa fait partie des chefs d’État de l’hémisphère occidentale qui ont choisi de ne pas s’opposer à la politique américaine dans la région. Il faut dire que l'alternative n'est pas encourageante. À Washington, l’Amérique latine semble à nouveau considérée comme l’arrière-cour des États-Unis. En mettant en avant la lutte contre le trafic de drogue, l'armée américaine, renforcée dans la zone, frappe des navires accusés d'exporter des stupéfiants vers les États-Unis, aussi bien côté Caraïbes que côté Pacifique. Ces navires ont aussi en commun de venir de pays qui ne rentrent pas dans le rang, comme le Venezuela ou la Colombie. Ce qui constitue évidemment un message.
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