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Retour en France de Boualem Sansal, une chance de relancer la relation franco-algérienne

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L’écrivain franco-algérien Boualem Sansal est de retour en France depuis hier, mardi 18 novembre. Après un passage par l’Allemagne et surtout après quasiment un an passé dans les geôles algériennes pour des propos ayant déplu au pouvoir. C’est peut-être un nouveau départ pour une relation franco-algérienne toujours compliquée, mais particulièrement abîmée ces derniers temps.  

L'écrivain franco-algérien Boualem Sansal a été gracié mercredi 12 novembre par la présidence algérienne après un an de détention (image d'illustration).
L'écrivain franco-algérien Boualem Sansal a été gracié mercredi 12 novembre par la présidence algérienne après un an de détention (image d'illustration). © François Guillot / AFP
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Il y a les raisons évidentes liées à l’histoire de la colonisation et de la décolonisation. Mais la crise est si profonde que selon l’ambassadeur français à Alger, tous les canaux de communication, il y a encore quelques semaines étaient coupés. En cause, la reconnaissance en juillet par la France, de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, alors même que la majorité des pays du monde soutiennent le plan d'autonomie marocain pour le Sahara occidental, puis l’arrestation de Boualem Sansal, celle du journaliste de So Foot et Society, Christophe Gleizes. Et puis la question de la politique migratoire avec l’Algérie qui refuse d’accueillir les personnes algériennes expulsées par la France. 

Ce climat très difficile qui s’est amélioré récemment, peut-être pour des raisons de personnes. À Paris, les membres de l’exécutif se succèdent depuis la libération de Boualem Sansal, pour dire que le ton et la méthode ont changé depuis l’arrivée, certes difficile du nouveau gouvernement français et du départ de l’ancien ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, très virulent sur la question algérienne et pour tout  dire, partisan d’une ligne dure. Alors il ne faut pas négliger la dimension de politique intérieure française, les ambitions présidentielles de Bruno Retailleau sont connues. Il travaille son positionnement très à droite et c’est le jeu de ses concurrents de l’affaiblir, mais il semble que cela ait changé quelque chose.  

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Il reste beaucoup à faire. Les prochaines étapes sont nombreuses. Du point de vue de la France il y a la libération de Christophe Gleizes, condamné à 7 ans de prison pour apologie du terrorisme pour avoir parlé avec un dirigeant du club de football de la JS Kabylie qui est aussi un militant du mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie, qui est classé terroriste en Algérie. Son procès en appel débute le 3 décembre. C’est justement début décembre que le nouveau ministre de l’Intérieur Laurent Nunez envisage un déplacement à Alger. Avant cela, le président Emmanuel Macron se dit disposé à rencontrer son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune lors de sa participation au G20 en Afrique du Sud dans quelques jours. Ce serait l’occasion de reprendre le travail mémoriel sur les responsabilités françaises en Algérie, suspendu depuis des mois.  

Les autorités françaises voient deux dossiers particulièrement urgents : la question migratoire, pour pouvoir expulser les Algériens les plus dangereux. Et la coopération sécuritaire. La coopération entre les services des deux pays, elle, ne s’est jamais arrêtée. Et si la menace jihadiste a muté, les informations algériennes sont toujours très utiles à la France. Et puis il y a la situation au Mali, déstabilisé par les jihadistes, à la frontière sud de l’Algérie. Là, c’est la France, même si elle n’est plus militairement sur place, qui a du renseignement, des moyens d’observation satellitaires notamment, à proposer. Même si les relations d’Alger avec la junte sont exécrables puisque Bamako accuse Alger de soutenir les terroristes en mettant jihadistes et rebelles indépendantistes du nord dans le même sac, les services français veulent croire que personne n’a vraiment intérêt à une prise de pouvoir jihadiste dans le pays, qui déstabiliserait l’ensemble de la région et placerait l’Algérie en première ligne.

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