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À la COP30, d'ultimes heures de négociation aux enjeux multiples

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C’est la dernière ligne droite à la COP30 à Belem, au Brésil. Sur fond d’enjeux climatiques, mais aussi diplomatiques et économiques, les participants ont jusqu’à vendredi soir en principe pour s’entendre sur un accord qui porte sur des sujets multiples et donc avec des points de blocages multiples.  

La militante française pour le climat Camille Etienne (à gauche) et d'autres activistes participent à une manifestation devant le site de la COP30, la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques, à Belém, dans l'État du Pará, au Brésil, le 19 novembre 2025.
La militante française pour le climat Camille Etienne (à gauche) et d'autres activistes participent à une manifestation devant le site de la COP30, la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques, à Belém, dans l'État du Pará, au Brésil, le 19 novembre 2025. AFP - PABLO PORCIUNCULA
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Il y a de très nombreux points de négociation, mais on peut sans doute les rassembler en trois principaux dossiers : les engagements à la transition des énergies fossiles vers les énergies renouvelables. Les pays producteurs d’hydrocarbures y sont évidemment réticents, puisque ce sont pour eux des sources de revenus essentielles. Il est souvent compliqué d’obtenir des objectifs chiffrés. Il y a aussi le financement de la transition des pays en développement. C'est un principe déjà acté que c’est aux pays historiquement déjà industrialisés depuis le 19e siècle, responsables de l’essentiel des gaz à effet de serre stockés dans l’atmosphère, de le financer. Le problème étant de savoir comment et dans quelle mesure. De nombreux pays développés sont confrontés à de nouveaux enjeux financiers, liés notamment aux risques géopolitiques. La COP29 l’an dernier avait abouti sur le chiffre de 300 milliards de dollars, mais les pays en développement veulent 1300 milliards. Enfin, les mesures commerciales. Là, c'est la taxe carbone aux frontières européennes qui est dans le viseur et considéré par ses opposants comme une barrière douanière déguisée.  

Le retour de Lula

C’est parce que c’est si complexe, que le président brésilien se réengage dans l’arène. Il est rare que les chefs d’État réapparaissent après la première semaine qui est celle où ils se réunissent en sommet. François Hollande l’avait fait au moment de la COP21 en 2015. Si Lula est revenu, c’est qu’il veut un succès. Pour lui, un succès, c’est infliger une défaite aux climatosceptiques et montrer que le multilatéralisme n’est pas mort, même s’il est mal en point. La présidence brésilienne veut faire le pont entre le nord et le sud en crise de confiance. Difficile en effet de trouver un enjeu plus global que le changement climatique qui est dont censé concerner tout le monde. Si la quasi-totalité des signataires de l’accord de Paris sont là, il y a un grand absent : Les États-Unis, plus grand pollueur de la planète et potentiellement plus gros contributeur au financement de la lutte contre le réchauffement et le changement climatique. Un canular selon Donald Trump qui a coupé dans les programmes américains liés au dossier et notamment dans les moyens de recherche et d’observation. Il n’a même pas jugé utile d’envoyer une délégation.  

Un vide à combler

Mais c’est bien connu, la nature a horreur du vide. La géopolitique et la diplomatie aussi. Et ce vide, il y a un pays qui a tout pour le combler. Oui, c’est la Chine. C’est le deuxième pollueur de la planète et il est encore considéré dans ces négociations comme un pays en développement, censé donc bénéficier de financements. La Chine ne fait pas de bruit, mais elle agit. Elle est encore fortement dépendante au charbon, mais elle est aussi en pointe dans les technologies liées aux énergies renouvelables, que ce soit le solaire, avec 80% des panneaux produits dans le monde ou l’éolien (60%). C’est la même chose dans l’automobile, au début de la COP à Belém, ce sont dans des véhicules électriques de marque chinoise que les officiels étaient transportés. Ce qui signifie que non seulement la Chine peut se présenter en puissance vertueuse, mais qu’à force d’investissement massifs dans des secteurs stratégiques, elle est désormais en position de force pour être l’incontournable moteur industriel du monde dans la transition énergétique.  

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