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Macron et l’Europe: retour risqué aux fondamentaux

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Le président français a lancé jeudi 9 décembre sa campagne européenne. Toujours pas officiellement candidat à sa succession, Emmanuel Macron a détaillé au cours d’une conférence de presse les priorités de la présidence française de l’Union européenne qui commence en janvier pour six mois. Le chef de l'État français voit très grand ! Peut-être un peu trop.

Le président français Emmanuel Macron présente les priorités de la France pour la présidence du Conseil de l'Union européenne, jeudi 9 décembre à Paris.
Le président français Emmanuel Macron présente les priorités de la France pour la présidence du Conseil de l'Union européenne, jeudi 9 décembre à Paris. © AP - Ludovic Marin
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Réformer Schengen, revenir sur les règles budgétaires, avancer sur l’Europe de la Défense, taxer les géants du numérique... Tout ne pourra pas évidemment être accompli en six mois, mais plus que les priorités de la Présidence française de l’Union européenne, c’est le chapitre Europe du programme présidentiel du futur candidat Macron que le chef de l'État français a dévoilé.

Avec parfois comme un air de déjà-vu, en tout cas de déjà-entendu : son discours de la Sorbonne de 2017, dans lequel il avait présenté les priorités de son mandat pour l’Europe. Parmi elles, beaucoup ont été reformulés jeudi, soulignant en creux tout ce que le président français n’a pas réussi à faire avancer ou pas suffisamment, à l'image de l’Europe de la Défense et de la réforme du droit d’asile.

Consolider sa base électorale

Mais au-delà des mesures concrètes, Emmanuel Macron a pu réaffirmer sa vision de l'Europe, l'un de ses marqueurs politiques. Le réactiver lui permet de revenir à ses fondamentaux : la promotion de la souveraineté européenne et la dénonciation des nationalistes. C’était l’un de ses paris de 2017 : défendre l'Europe dans un paysage politique marqué par l’euro-scepticisme, voire l’europhobie. Emmanuel Macron veut retrouver cette formule gagnante. « C’est notre ADN politique, il faut rester sur cette ligne », martèle un ministre. Cinq ans après son élection, le crédo proeuropéen du chef de l'État est en effet le ciment le plus ferme de son socle politique, c’est peut-être même aujourd’hui le seul dénominateur commun de tous les macronistes.

Emmanuel Macron met donc la présidence française de l’Union européenne au service de sa campagne. Cela va se traduire par une multiplication - en quelques semaines - de discours, de réunions et de sommets internationaux, qui vont permettre au Président de faire campagne sans le dire.

À commencer par le 19 janvier 2022 : discours traditionnel du dirigeant qui prend en charge la présidence tournante de l'UE devant le Parlement européen. Emmanuel Macron dans l’hémicycle de Strasbourg face aux eurodéputés (dont l’un des candidats à la présidentielle Yannick Jadot). Un jeu de questions / réponses inédit pour le Président. « Ce sera le début de la campagne dans la tête des Français », prédit un proche du chef de l'État.

Effet boomerang

Après cela, l’agenda sera très chargé et le temps très court, trois mois à peine. Est-ce que cela sera conciliable avec son statut de candidat ? Les proches du président ont théorisé un Macron à la fois au-dessus de la mêlée à traiter des sujets européens et internationaux et en même temps dans l’ultra-proximité le reste de sa campagne. Mais en pratique, il faudra voir comment s’articulent les deux.

Le risque est grand de voir cette présidence se transformer en une succession de beaux discours et d’effets d’annonces, sans résultats concrets. L’Europe qui parle et qui n'agit pas : effet boomerang garanti pour Emmanuel Macron. Ses adversaires sauront le lui rappeler en temps et en heure.

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