Questions d'environnement

Les microplastiques, c'est quoi?

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Cette semaine, le Kenya accueille le deuxième cycle des négociations pour tenter d'élaborer d'ici fin 2024 un traité international contre la pollution plastique. Quels sont les dangers des plus petits morceaux de plastiques, souvent invisibles mais particulièrement toxiques appelés micro et nanoplastiques ?

Ces microplastiques sont des petites particules de plastique ajoutées aux gels exfoliants pour la peau.
Ces microplastiques sont des petites particules de plastique ajoutées aux gels exfoliants pour la peau. © Getty Images/ullstein bild
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Les microplastiques ont la taille d'un grain de riz, leur diamètre est inférieur à cinq millimètres. Ce sont des résidus de bouteilles, de filets de pêche, de sacs ou d'emballages plastiques qui se sont effrités avec le temps. Les nanoplastiques, eux, sont encore plus petits, et rejetés tels quels dans la nature. Ils viennent des vêtements synthétiques, des pneus, des filtres à cigarettes ou encore des cosmétiques, comme les paillettes que l'on met sur nos joues ou les grains pour gommer la peau. Ils sont encore plus nocifs car leur taille leur permet de s'infiltrer partout.

En vingt ans, la production annuelle de plastiques a plus que doublé pour atteindre 460 millions de tonnes. Elle pourrait tripler d'ici à 2060 si rien n'est fait. Résultat : il y en a dans l'air, dans les cours d'eau, dans nos champs, au sommet des montagnes. On estime que 5 000 milliards de particules de microplastiques flottent à la surface des océans.

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Jean-François Ghiglione a participé à plusieurs expéditions du bateau-laboratoire TARA pour comparer les micro-plastiques à l'embouchure de fleuves européens et africains : « En Europe, la pollution est très diffuse, on a du plastique partout. On en a retrouvé sur la Tamise, sur l'Ebre, sur les fleuves français, en Italie, indique le chercheur du CNRS, alors qu'en Afrique c'est localisé près des villages, là où les choses sont jetées. Si on s'éloigne, on en trouve beaucoup moins. Dans les fleuves au Sénégal ou en Gambie, on a trouvé essentiellement des filets de pêche, des fibres de vêtements mais on trouve beaucoup moins d'emballages qu'on utilise trop en Europe. »

Des additifs nocifs pour la santé

D'après les scientifiques, d'ici 2050 il pourrait y avoir autant de plastique que de poissons dans les océans. Toute la chaîne alimentaire des animaux marins est affectée, du krill aux baleines. Les déchets bloquent leur tube digestif et ils n'arrivent plus à manger. Certains en meurent et on observe aussi des effets sur la reproduction.

Pour les animaux, les effets nocifs ont été démontrés. Pour les humains, c'est encore une hypothèse. Mais les micro et nanoplastiques ont déjà pénétré partout dans notre corps via l'eau que l'on boit, l'air que l'on respire ou ce que l'on mange. On en a retrouvé jusque dans le lait maternel et dans le sang. La chercheuse Fabienne Lagarde, chercheuse à l’Université de Rouen et spécialiste de la dégradation des plastiques dans l'environnement, explique que le problème central vient des plus de 10 000 additifs différents utilisés pour accompagner ces plastiques.

Elle déplore un manque de transparence : « Il est extrêmement difficile, hormis l'industriel de départ, de connaître les compositions des plastiques, détaille-t-elle. Je travaille avec des transformateurs de matières plastiques qui, eux-mêmes, ne connaissent pas la composition exacte des résines qu'ils reçoivent, sachant qu'il y a encore aujourd'hui dans la plasturgie des additifs qui sont utilisés et dont on sait qu'ils ont une toxicité pour l'homme. »

Quelles solutions ?

Face à ce fléau de la pollution plastique, on peut, à titre individuel, bannir au maximum les emballages à usage unique, utiliser des sacs en tissu, des contenants en verre réutilisables. Mais l'effort doit être mondial. C'est tout l'enjeu du traité contre la pollution plastique discuté en ce moment. Les pays les plus ambitieux réclament l'interdiction des plastiques qui ne servent qu'une fois, la simplification de la composition des matières pour favoriser le recyclage - aujourd'hui, on recycle moins de 10% des plastiques. Mais surtout, il va falloir en fabriquer et en consommer moins car si on ne ferme pas le robinet, la baignoire ne finira jamais de déborder.

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