Pourquoi la désertification et les tempêtes de sable inquiètent ?
Publié le :
Les tempêtes de sable et de poussière sont désormais « dramatiquement » plus fréquentes, alertent les Nations unies ce mercredi 15 novembre. L’Asie centrale et l’Afrique sub-saharienne sont particulièrement concernées par ce phénomène aux conséquences lourdes.
Qu’on les appelle sirocco, haboob ou encore harmattan, les tempêtes de sable se multiplient depuis plusieurs années. Elles projettent désormais tous les ans plus de deux milliards de tonnes de poussière dans l’atmosphère. Si leur existence est loin d’être nouvelle, cette fréquence accrue inquiète. La cause, comme souvent, est en partie humaine. Amplifiées par le réchauffement climatique et la dégradation des sols, le principal mécanisme de formation de ces tempêtes se trouve dans l’asséchement des lacs et des étangs.
Si les tempêtes sont plus fréquentes, elles sont également plus intenses. Santé et maladies respiratoires, agriculture… les conséquences sont nombreuses et lourdes. De la destruction des récoltes, l’enfouissement des semis ou la mort d’animaux d’élevage, le secteur agricole en paie un lourd tribut, l’ONU rapportant même des pertes totales dans certaines régions. Le phénomène est d’autant plus inquiétant qu’il s’autoalimente en partie.
À lire aussiUn rapport international dénonce le danger de l’inaction climatique sur la santé humaine
La désertification est l’une des causes de formation de ces tempêtes, désertification qu’elles entretiennent en retour. L’enjeu pour les sols est alors crucial : « la dégradation des terres a été très rapide au cours des 70 dernières années », explique Ibrahim Thiaw, secrétaire de la convention des Nations unies contre la désertification. C’est particulièrement vrai en Afrique, qui possède pourtant les terres les plus fertiles. « On estime que 60 % des terres agricoles d’Afrique ont été dégradées. En revanche, la population a été multipliée au moins par 6. La disponibilité des terres et de l’eau est devenue plus rare. Cela entraîne des compétitions élevées pour y accéder. » Pour Ibrahim Thiaw, c’est un facteur évident de déstabilisation régionale. « Si on regarde dans les pays du Sahel, ce sont des zones de migration essentiellement due au fait que les gens ne peuvent plus produire. »
En face de ces menaces, la communauté internationale s’organise. En parallèle de la COP sur le climat et de celle sur la biodiversité, il en existe en effet une troisième dédiée à la lutte contre la désertification. Une réunion de ses parties se tient cette semaine à Samarcande, en Ouzbékistan. L’Asie centrale est, elle aussi, très concernée.
Plusieurs leviers sont mis en avant. Du suivi météorologique à l’alerte précoce des populations, la prévention joue un rôle central. Il est également possible d’agir pour atténuer l’ampleur de ces tempêtes. Il faut cette fois s’attaquer à leurs causes, en restaurant les sols et les zones humides. Cela permet de limiter leur intensité tout en limitant la vulnérabilité des zones concernées. La dernière COP contre la désertification, en mai 2022 à Abidjan, avait alors pris pour objectif de restaurer un milliard d’hectares de terres dégradées d’ici 2030 ; l’équivalent en superficie d’un pays comme l’Égypte.
À lire aussiCOP15 à Abidjan: un bilan en demi teinte sur la lutte contre la désertification
NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail
Je m'abonne