Questions d'environnement

Comment nourrir le monde avec un climat qui change ?

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Le 16ᵉ Forum mondial pour l’alimentation et l’agriculture s'ouvre aujourd'hui jeudi à Berlin en Allemagne et doit se terminer dimanche. Une conférence pour relancer la lutte contre la faim dans le monde, dans le contexte de la crise climatique et alors qu’une personne sur dix souffre de la faim sur la planète. Or, éliminer la faim et la malnutrition figure parmi les objectifs de développement durables de l'ONU à atteindre d'ici à 2030.

L'agriculture vivrière est une des solutions pour lutter contre l'insécurité alimentaire en Afrique.
L'agriculture vivrière est une des solutions pour lutter contre l'insécurité alimentaire en Afrique. Getty Images - Tom Werner
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L’objectif « zéro faim » de l’ONU d'ici à sept ans s’annonce particulièrement difficile à atteindre, en particulier en Afrique. Le continent va voir sa population fortement augmenter dans les années à venir et 70 % de la population africaine dépend d'une agriculture traditionnelle qui comble à peine les besoins de la famille. Une agriculture particulièrement sensible au changement climatique et « dans la plupart des pays d'Afrique subsaharienne, le rendement des cultures pourrait diminuer de 10 à 20 % d'ici à 2050 en raison du réchauffement » explique Sougueh Cheik, chercheur à l'IRD (L'Institut de recherche pour le développement).

Régler le problème de l’accès à la nourriture doit par ailleurs se faire en réduisant d'urgence l'impact de notre système de production alimentaire qui représente un tiers des émissions de gaz à effet de serre à l'échelle mondiale, cause 80 % de la perte de biodiversité et pollue tout l'environnement.

Une équation pas évidente à résoudre, mais il y a heureusement des solutions comme l'agroécologie. Un terme qui regroupe toute une série de pratiques agricoles à la fois bénéfiques pour l'environnement et qui permettent de résister au changement climatique. Cela peut être par exemple recouvrir le sol, explique Patrice Burger, pionnier de l’agroécologie et président du CARI, une association de lutte contre la désertification. « Ne pas laisser le sol à nu pour éviter qu’il se dessèche sous les rayons du soleil. Utiliser les détritus végétaux, fumier, compost pour nourrir ce sol et le garder fertile » et ainsi se passer d'engrais chimiques très chers.

« Cela veut dire aussi planter des haies et des arbres au-dessus des champs qui vont permettre de mieux absorber l'eau, faire de l'ombre, attirer et abriter des animaux prédateurs, des insectes ravageurs de cultures », poursuit-il. Ainsi, plus besoin de pesticides toxiques.

« Ne pas tasser le sol ni le détruire en labourant avec d'énormes tracteurs. Favoriser des cultures locales, plus résistantes et adaptées aux sécheresses et non pas des variétés à très fort rendement, mais trop fragile », liste Patrice Burger. C'est la combinaison de ces pratiques qu'il faut mettre en place et lorsque c’est bien fait, c’est même rentable grâce aux économies faites sur les pesticides et engrais chimiques.

Ces pratiques restent toutefois peu développées, d'abord parce qu'elles sont méconnues. Évidemment, l'agro-industrie qui a gros à perdre n'aide pas à promouvoir l'agroécologie, au contraire. Les lobbys des puissantes firmes qui vendent les engrais ou les pesticides font tout pour la décrédibiliser. Ensuite, parce que cela demande des compétences techniques assez pointues parfois. Il faut donc des politiques publiques, des investissements et de la sensibilisation, mais pour arriver à nourrir le monde dans l’avenir, l'agriculture ne fait pas tout. C'est tout le gigantesque système alimentaire qu'il faut réformer : du champ à l'assiette en passant par les transports et la transformation des aliments... Les consommateurs ont d'ailleurs un grand rôle à jouer, en choisissant des légumes de saison, locaux et en réduisant la viande.

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