Pollution, surexploitation, destruction... Selon l'ONU, l'activité humaine entraîne un million d'espèces végétales et animales vers l'extinction, alors que plus de la moitié du PIB mondial dépend de cette nature. Pour tenter de la réparer cette nature une nouvelle approche émerge depuis quelques années : celle du ré-ensauvagement.

Comment réparer et soigner la nature ? Au sein du monde scientifique, il y a débat. D'un côté, il y a les partisans de la restauration écologique classique. Il s'agit d'aller replanter des espèces d'arbres bien précises dans une forêt décimée par exemple, d'arracher les plantes invasives. Parfois il y a même besoin d'engins de chantier pour refaçonner le paysage. L’objectif étant de retrouver un milieu tel qu'il était avant qu'il soit dégradé.
A l'opposé, plus récemment, le concept de ré-ensauvagement a fait son apparition. Les territoires sont cette fois rendus à la nature et l'homme n'intervient pas du tout ou à la marge, en réintroduisant une espèce de grand mammifère totalement sauvage (bison, lynx, loup, cheval sauvage…) ce qui permet de rétablir la chaîne alimentaire et ainsi rééquilibrer tout l'écosystème. La nature s'autorégule, les évolutions du paysage et de la faune se passent sans nous et hors de notre contrôle.
Effondrement du vivant
Le terme ré-ensauvager fait toutefois polémique. Pour beaucoup, par exemple les chasseurs ou les agriculteurs qui « utilisent » la nature, le ré-ensauvagement garde une connotation péjorative et est synonyme d'un retour à l'âge des cavernes.
Thierry Dutoit, directeur de recherche au CNRS, nous explique en effet que le terme peut faire peur. « D’une part, il a ce terme de « sauvage » qui veut dire qu’on ne maîtrise pas. Et lors de ces opérations de ré-ensauvagement, il faut que l’Homme se pousse un peu, que réellement il se retire de certains territoires à tous les niveaux, y compris avec ses troupeaux d’animaux domestiques, plus d’activités traditionnelles comme la chasse, la cueillette des champignons, le ramassage du bois, voire même la randonnée puisque là où il y a des animaux sauvages, il ne faut pas toujours aller les ennuyer. »
Malgré tout, le concept de ré-ensauvagement fait de plus en plus parler de lui, au point d'apparaître aujourd'hui dans les textes officiels de l'ONU sur la restauration de la nature. Pour ses partisans, le ré-ensauvagement serait une meilleure méthode pour contrer l'effondrement du vivant, alors que la Terre a perdu 69 % de ses populations de vertébrés entre 1970 et 2018 (WWF) et malgré justement tous les projets de restauration de la nature plus classiques. De plus selon eux, les espèces s'adapteraient mieux toutes seules aux nouvelles contraintes climatiques.
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Les travaux de Thierry Dutoit « plaident pour une mutualisation des approches, car l’une n’exclut pas nécessairement l’autre, » selon lui. Surtout il y a urgence, en 2022 à Montréal, lors d'une COP dédiée à la biodiversité, les Etats du monde entier se sont engagés à réhabiliter au moins un tiers des terres dégradées, des eaux intérieures et des mers d'ici 2030.
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