Questions d'environnement

Quel avenir pour les fonds marins profonds?

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La 29ᵉ session du conseil de l’Autorité internationale des fonds marins s’ouvre aujourd’hui à Kingston en Jamaïque. Pendant deux semaines, les États membres de cette instance de l’ONU vont tenter de légiférer sur la délicate question de la gestion des fonds marins profonds.

L’exploitation minière en eaux profondes vise à trouver des ressources telles que le cuivre, le cobalt et l’or, utilisées dans la fabrication des produits de haute technologie.
L’exploitation minière en eaux profondes vise à trouver des ressources telles que le cuivre, le cobalt et l’or, utilisées dans la fabrication des produits de haute technologie. © AP-Dita Alangkara
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Il y a d’un côté les partisans de l’exploitation minière des fonds marins qui réclament un code minier, inexistant à l’heure actuelle, pour commencer à les exploiter. Parmi eux, le Canada et la Norvège, appuyés par le puissant lobby de l’industrie minière, dont TMC, le groupe canadien The Metals company, qui espèrent obtenir, coûte que coûte, les permis d'exploitation devant permettre l'extraction des minéraux convoités. 

De l’autre, les États qui souhaitent un moratoire, à savoir l’interdiction de l’exploitation de ces fonds marins situés entre 4 000 et 6 000 mètres de profondeurs pour préserver leur incroyable biodiversité. Parmi eux, la France, le Chili, le Costa Rica, des petits États du Pacifique et même des multinationales comme Google ou BMW.

Enfin, il y a tous les États indécis, que chacun des deux camps tente de rallier à sa cause pour avoir plus de poids. C'est l’enjeu majeur de cette 29ᵉ session du conseil de l’Autorité internationale des fonds marins qui débute lundi 18 mars en Jamaïque.

Les trésors des abysses 

L’objet de cette convoitise, situé dans les profondeurs de l’océan, porte un nom un peu barbare : les nodules polymétalliques. Ces nodules ressemblent à s'y méprendre à des cailloux noirs de la taille d’une pomme de terre. Ils se sont constitués sur plusieurs millions d’années et contiennent du manganèse, du nickel, du cobalt. Ce sont ces minéraux, essentiels pour la transition énergétique, que recherchent les compagnies minières et les États favorables à l’exploitation des fonds marins. Pour eux, la demande croissante de ces minéraux, qui servent, entre autres, à la construction des batteries de voitures électriques, nécessite de les extraire de l’océan. Pour les partisans du moratoire, l’argument n’est pas valable. Ces minéraux se trouvent dans de nombreux pays, comme la République démocratique du Congo. Exploiter les océans ne permettra pas de lutter contre les atteintes aux droits de l’homme, constatées dans de nombreuses mines de la planète. Pour eux, il faut trouver des alternatives comme le recyclage et l’économie circulaire pour réemployer les minéraux déjà extraits sur terre, qu’on retrouve, par exemple, dans nos anciens téléphones portables.

Une catastrophe écologique majeure

L’exploitation des fonds marins profonds aurait des conséquences dévastatrices pour l’environnement. Pour Marie Kell de Cannart, la représentante France de l’Alliance pour un océan durable : « Racler le fonds des océans est une catastrophe pour la biodiversité. Cela modifie les habitats de nombreuses espèces, sans compter la pollution sonore et lumineuse pour ces espèces qui vivent dans le silence et le noir complet des grandes profondeurs. »  

Au-delà de cette catastrophe annoncée, les scientifiques s’inquiètent de l’exploitation d’un monde, l’océan profond, qui reste encore largement méconnu. Aujourd’hui, on connait mieux la surface de la Lune que ces fonds marins ! Des espèces et des écosystèmes qui abritent des formes de vie uniques pourraient être détruits avant même que les chercheurs commencent à les étudier. Ils rappellent également que l’océan est notre plus grand puits de carbone. Il séquestre 31 % des gaz à effet de serre émis par les activités humaines. C’est lui qui régule la température de notre planète. L’océan n’est donc pas seulement un espace géographique. C’est un système qui est moteur de la vie sur Terre. Le préserver semble donc une évidence, mais malheureusement pas pour tous.

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