Questions d'environnement

Guyane: plainte des peuples autochtones déposée auprès de l’ONU

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En Guyane, le peuple autochtone Kali’na a déposé une plainte à l’ONU, le 15 mars, exhortant l’État français d’arrêter la construction d’une centrale photovoltaïque sur ses terres, ce qui constitue un acte de discrimination et une entrave aux droits de son identité autochtone.

Une personne de la communauté Kali'na lors d'une manifestation à Kourou, avril 2017 (photo d'illustration).
Une personne de la communauté Kali'na lors d'une manifestation à Kourou, avril 2017 (photo d'illustration). © AFP/Jody Amiet
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C’est la dernière étape d’une contestation débutée en 2019, avec le démarrage du projet de la centrale de l’Ouest guyanais à environ trois kilomètres de Saint-Laurent du Maroni. Si la construction d’une centrale photovoltaïque est une bonne chose en soi, pour faire face aux nombreuses coupures d’électricité que connait la Guyane depuis de nombreuses années, son emplacement pose problème. Elle se situe, en effet, à deux kilomètres à peine du village amérindien de Prospérité, où vit le peuple Kali’na.

Dès 2019, des manifestations ont lieu pour demander la délocalisation du projet, mais sans succès. En octobre 2022, la tension monte d’un cran avec l’arrestation du chef coutumier du village, Roland Sjabere. Mais malgré la contestation, les travaux se poursuivent. Face à l’épuisement des voies de recours dans les juridictions françaises, l’organisation des Nations autochtones de Guyane (Onag) saisit donc le Comité pour l’élimination de la discrimination, un organe des Nations unies.

Une remise en cause du mode de vie du peuple Kali’na

Pour construire cette centrale photovoltaïque, 78 hectares de forêt ont été rasés, soit 30% de sa superficie. Or, cette forêt était essentielle au mode de vie du peuple Kali’na. Le chef coutumier, Roland Sjabere témoigne : « Nous vivons en harmonie avec la forêt. Pour nous, c’est un lieu de transmission, un lieu de chasse, un lieu de baignade. On faisait tout dans la forêt. Mais maintenant, avec la déforestation, avec le bruit des machines, les animaux sont tous partis. Donc pour chasser, nous devons aller plus loin et marcher beaucoup plus. Avant, il y avait du gibier à moins d’un kilomètre du village. Donc il faut que le monde sache que la France, le pays des droits de l’homme, ne respecte pas le droit des peuples autochtones. »

La centrale de l’Ouest guyanais en désaccord

Dans un communiqué de presse, la centrale de l’Ouest guyanais conteste le manque de concertation avec le peuple Kali'na, qui avait, selon elle, validé cet emplacement. Elle rappelle également l'importance de cette production d’électricité 100% renouvelable pour la région de Saint-Laurent du Maroni. La Guyane n’est pas un cas isolé. Un peu partout dans le monde, des projets, à priori utiles, et basés sur des énergies propres sont lancés, mais sans prendre en compte leur impact sur le mode de vie des populations autochtones.

Il y a quelques mois, Greta Thunberg, la célèbre militante écologiste, manifestait contre un champ d’éolienne en Norvège. Contradictoire ? Pas du tout, car ces éoliennes ont été jugées illégales par la Cour suprême du pays, puisqu’elles violent le droit des Samis, à faire paître leurs troupeaux de rennes sur leurs terres. Des droits également garantis par l’ONU, dont ne peuvent s’affranchir les opérateurs de grands projets, mêmes écologiques.

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