Questions d'environnement

France: quelle écologie va porter le nouveau gouvernement Barnier?

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Alors que la nouvelle équipe gouvernementale, alliage entre les macronistes et la droite traditionnelle, fait ses premiers pas cette semaine, les acteurs de la cause environnementale s'inquiètent des premiers signaux envoyés par l'exécutif mené par Michel Barnier

Le bâtiment du Ministère de la Transition écologique, de l'Énergie, du Climat et de la Prévention des risques.
Le bâtiment du Ministère de la Transition écologique, de l'Énergie, du Climat et de la Prévention des risques. © info.gouv.fr/
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Il y a d'abord le secrétariat à la planification écologique qui a été détaché du cabinet du Premier ministre. Dit comme ça, on dirait de la tambouille interne, mais en réalité, c'est important. Cette position, décidée à l'époque où Elisabeth Borne était à Matignon, conférait à ce secrétariat un rôle d'arbitre vis-à-vis des différents ministères. Une sorte de « tour de contrôle » pour mener la transition écologique avec la transversalité nécessaire.

Deuxième hic d'après les associations écologistes : le périmètre du ministère de la Transition écologique, qui semble se recentrer uniquement sur la transition énergétique. Agnès Pannier-Runacher, qui en prend la tête, connaît bien les dossiers énergie qu'elle a déjà menée dans un précédent gouvernement macroniste. Mais le fait que ce grand ministère ne chapeaute ni les transports, ni l'agriculture, ni le logement, ni la mer préoccupe. Ces secteurs sont clé dans les efforts de décarbonation de la France. 

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Enfin, à l'heure de l'effondrement du vivant, la biodiversité n'a même plus de secrétariat d'État. « En 2024, on est encore en train d'essayer de se battre pour faire comprendre l'enjeu climatique alors qu'on devrait travailler de front la question climatique, la question de la biodiversité, la question de l'eau, la question des sols vivants… On stagne avec notre personnel politique », regrette Nicolas Richard, vice-président de France Nature Environnement. « La question de la biodiversité est essentielle. On ne pourra pas vivre dans un monde qui n'est pas vivant. Les insectes, les sols vivants, les plantes, qui contribuent à l'oxygénation de l'air, mais aussi à la production d'éléments nutritifs, c'est notre assurance-vie », rappelle-t-il.

Un recentrage sur l'énergie, mais plus de dialogue ?

Le nouveau Premier ministre, issu de la droite LR, Michel Barnier, a pourtant été ministre de l'Environnement dans les années 90. Selon ses proches, il aurait même un « tropisme vert », lié à son enfance passée au pied des montagnes des Alpes.

Même si son discours a changé depuis, avec des sorties anti-éoliennes par exemple lors de la primaire de la droite en 2021, on lui doit peu après le Sommet de la Terre de Rio en 1992, d'avoir inscrit dans la loi les principes fondateurs de précaution, de pollueur-payeur, de prévention des risques naturels ainsi que la création d'un instrument de la participation des citoyens en matière environnementale : la Commission nationale du débat public.

De quoi donner un peu d'espoir à l'avocat spécialisé en droit de l'environnement et vice-président du comité français de l'UICN, Sébastien Mabile: « Plus que jamais, sur ces questions d'énergie, de biodiversité, de climat, d'aménagement de grands projets, nous avons besoin de concertation, nous avons besoin de débat. On voit comment les oppositions se radicalisent de plus en plus. Je pense notamment à l'autoroute A69 qui est en cours de construction. Peut-être que la personne de Monsieur Barnier, qui a été aussi le négociateur du Brexit, pourra permettre de remettre un peu d'apaisement dans le débat ».

Mais les marges de manœuvre seront réduites, compte tenu de l'état des finances de la France. Des coupes dans les budgets environnementaux avaient déjà été annoncées par le gouvernement démissionnaire de Gabriel Attal. Nous verrons si elles sont confirmées, et s'il y en a d'autres. Enfin, politiquement, ce gouvernement tient grâce à l'assentiment du RN. Une extrême droite aux relents climatosceptiques qui, à minima, poussera pour d'autres priorités, voire pourrait compromettre la transition écologique.

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