L'accord de Paris sur le climat a dix ans. Les pays et parties qui l'ont signé se sont engagés à limiter le réchauffement planétaire bien en dessous de 2°C, et si possible en dessous d'1,5°C par rapport à l'ère préindustrielle. Pour y arriver, chaque pays signataire doit soumettre tous les cinq ans son plan national pour lutter contre le changement climatique, appelé « contribution déterminée au niveau national » ou NDC en anglais. Et la date butoir pour les transmettre à l'ONU, c’est ce lundi 10 février.

Une NDC est un document dans lequel un pays signataire de l'accord de Paris détaille son objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre, cette fois pour la période allant jusqu'à 2035, puis les mesures d'adaptation face aux effets du changement climatique ainsi que les politiques qu'il compte mettre en œuvre pour tenir ces engagements. Mais les NDC des pays industrialisés - historiquement responsables du changement climatique - doivent contenir aussi les moyens qu'ils vont débloquer pour permettre aux pays du Sud de réussir la transition et l'adaptation. En rédigeant ces feuilles de route climatique, les pays doivent d'ailleurs respecter une règle.
« Normalement, aucun gouvernement ne doit revenir en arrière. Toute nouvelle version doit être plus ambitieuse que la précédente », explique Fanny Petitbon, responsable France de l'ONG environnementale 350.org. « Seulement voilà : ce n’est pas contraignant. Les Nations unies ne vont pas mettre une amende aux pays qui reviennent en arrière ou à ceux qui soumettent leurs plans climat trop tard ».
Les NDC, prévues dans l’accord de Paris, fixent un cadre
Si l’accord de Paris ne prévoit en effet pas de contrainte, les pays signataires s’engagent tout de même à atteindre les objectifs qu’ils ont formulé dans leurs plans climat au moment de la transmission de ces derniers aux Nation unies. Chaque NDC fixe donc un cadre qui permet de faire valoir la redevabilité du gouvernement qui l’a écrite. Cette redevabilité permet à d’autres pays signataires d’exercer une pression diplomatique en cas de non-respect des objectifs fixés, et, au niveau national, aux élus, aux ONG et aux citoyennes et citoyens de demander des comptes en cas de non-action climatique. C’est pourquoi les NDC sont si importantes.
Ce lundi 10 février marque donc la date limite pour que les 194 pays signataires et l’Union européenne rendent leurs copies. Mais pour l’instant seuls 13 ont soumis leurs NDC aux Nations unies. C’est peu, mais pas inhabituel. « Il faut savoir que construire une contribution déterminée au niveau national prend du temps. Parce que cela couvre énormément de secteurs, de l’industrie et l'agriculture aux transports », détaille Fanny Petitbon de 350.org. « Cela demande aux gouvernements de réfléchir vraiment aux politiques qui vont permettre des changements sur le long terme. Il vaut donc mieux prendre plus de temps et soumettre un plan climat ambitieux que de rendre une mauvaise copie ».
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Les NDC de cette année les documents les plus importants de ce siècle
Les retardataires doivent soumettre leurs plans nationaux climat à l'ONU avant la COP30. C'est là, en novembre à Belém au Brésil, que l'on saura si nous pourrons tenir l’objectif des 1,5°C de l'accord de Paris. D’ici là, scientifiques et ONG scruteront chaque NDC pour vérifier si « les États vont respecter ce sur quoi ils se sont mis d’accord à la COP28 à Dubaï, à savoir : sortir des énergies fossiles, tripler les capacités des énergies renouvelables et doubler l’efficacité énergétique. S’ils ne le font pas, cela fait perdre toute crédibilité des processus de négociation », souligne Fanny Petitbon. « Et le deuxième point à regarder : quels moyens vont être mis à disposition dans ces plans climat de la part des pays historiquement responsables du réchauffement planétaire pour aider les pays du Sud à faire leur transition ? Parce qu’ils sont vraiment les victimes de l’injustice climatique ».
Avec les NDC actuels, le monde est sur la trajectoire d’un réchauffement entre 2,6°C et 2,8°C. Il va donc falloir un sursaut et de l’ambition. Et ce sont les NDC de cette année 2025 qui montreront si nous en sommes collectivement capables. « Il s'agit sans doute d'un des documents les plus importants que produiront les gouvernements durant ce siècle », a déclaré Simon Stiell, le patron de la convention des Nations unies sur le changement climatique.
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