Reportage international

Covid-19: Serum Institute et plan de vaccination indien

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100 millions de vaccins produits d’ici la fin décembre : c’est la promesse du Serum Institute, en Inde. Ce producteur géant s’est lancé dans la course dès le mois de juin. Mais dans ce pays à l’infrastructure médicale très inégalitaire, l’enjeu sera aussi de distribuer le vaccin à tous les habitants.

Le Premier ministre indien Narendra Modi visite le Serum Institute of India, à Pune, en Inde, le samedi 28 novembre 2020.
Le Premier ministre indien Narendra Modi visite le Serum Institute of India, à Pune, en Inde, le samedi 28 novembre 2020. © Office of the Prime Minister of India via AP
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C’est une ville dans la ville, protégée comme une base militaire. À l’ouest de la ville de Pune, le campus du Serum Institute of India s’étend sur 50 hectares et dispose de sa propre piste d'atterrissage. Dès le mois de juin, ce producteur de vaccin, le plus grand au monde, s’est mis sur le pied de guerre. Il a passé un accord avec l’entreprise AstraZeneca pour produire le vaccin Covid-19 développé par l’Université d’Oxford. Suresh Jadav est son directeur exécutif : « Nous avons calculé qu’avec de nouvelles usines, il nous serait facile de produire 1 milliard de doses par an. Le Serum Institute a donc investi 250 millions de dollars pour cela. L’Alliance globale pour les vaccins nous a financé à hauteur de 300 millions supplémentaires. Nous devrions avoir 100 millions de flacons de dix doses prêts, d’ici la fin décembre. »

Nous sommes autorisés à pénétrer dans l'une des nouvelles usines dédiées au vaccin, baptisé Covishield. À l’intérieur, aucun scientifique n’a le droit de nous adresser la parole. Le long d’infinis couloirs, des vitres laissent entrevoir des employés en combinaison sur des lignes de production high-tech. Les flacons du vaccin défilent à grande vitesse. 

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Le Serum Institute n’est pas le seul en Inde. Les producteurs géants Bharat Biotech, Zydus Cadillac s’apprêtent à lancer des productions massives. Cela n’inquiète pas Suresh Jadav : « Même si l’on ne vaccine que 75% de la planète, il va falloir 12 milliards de doses. Aucun producteur n’a ces capacités. On va donc avoir besoin de tout le monde au départ. Ceci étant dit, la compétition va ensuite se jouer sur le choix de vaccin des États. Ils se baseront pour cela sur plusieurs critères. Le vaccin est-il sûr ? Est-il efficace ? Mais aussi : est ce qu'il est facile à conserver, à transporter, à administrer ? »

La distribution du vaccin constitue en effet un défi majeur. L’Inde veut l’administrer dès janvier à son personnel soignant et municipal. La docteur Gagandeep Kang est spécialiste des vaccins au Christian Medical College de Vellore. Elle souligne les zones d’ombres qui persistent dans le plan de vaccination du pays : « On a peu de détails sur la date de vaccination pour les 270 millions de citoyens prioritaires, c'est-à-dire les plus âgés, ceux qui souffrent de comorbidités. Il nous faut aussi un état des lieux de notre chaîne du froid. Dans certaines régions isolées, on se rend parfois compte que les réfrigérateurs ne fonctionnent pas. Il faudra enfin attendre pour savoir combien de temps les vaccins immunisent. Et peut-être devoir lancer une seconde campagne. »

Deuxième population mondiale, l’Inde investit moins de 2% de son PIB dans la santé publique, un des taux les plus bas de la planète. Ici, la production de vaccins n’est donc que le début d’un long combat contre la pandémie.

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