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À la Une: face à face tendu au Tchad

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Un manifestant le 27 avril 2021 à Ndjamena.
Un manifestant le 27 avril 2021 à Ndjamena. © Issouf Sanogo/AFP
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Face à face entre le pouvoir militaire et la coordination nationale du mouvement citoyen au Tchad. La coordination qui « condamne avec la dernière énergie la répression des manifestations par les forces de l’ordre, mardi, rapporte le site d’information Tchad Infos. Pour la coordination, c’est un acte "barbare" commis par les agents des forces de l’ordre. La coordination qui note que "cette répression a occasionné 11 morts par balles réelles, une cinquantaine de blessés et plus de 200 arrestations. Cette expression massive des citoyens, poursuit-elle, en l’occurrence les jeunes contre l’ingérence et le Conseil militaire de transition, montre l’aspiration des Tchadiens au changement démocratique". »

La répression de mardi a été condamnée, note Le Journal du Tchad, par la France, mais aussi par l’Union européenne ou encore les États-Unis. Le Journal du Tchad qui relève aussi qu’Amnesty International a demandé une enquête sur les circonstances de la mort des manifestants.

Au bord de l’explosion ?

Mercredi, un calme relatif régnait à Ndjamena, mais la presse de la sous-région et au-delà redoute de nouveaux incidents.

« Une cocotte-minute prête à exploser », titre ainsi le quotidien Enquête à Dakar.

« Éviter à tout prix le chaos », implore Le Pays au Burkina Faso. Le Pays qui estime que « plus rien ne semble venir à bout de la détermination du mouvement de l’opposition tchadienne qui conteste la dévolution dynastique du pouvoir dans le pays. Ni l’interdiction de manifester décidée par le Conseil militaire de la transition ni même les cadavres que l’on a ramassés à la fin de la première journée de manifestation, ne semblent émousser les ardeurs des leaders de l’opposition qui continuent d’exiger le départ des militaires du pouvoir. Et ce n’est certainement pas le changement de ton de la France avec la sortie du président Macron qui apporte de l’eau au moulin des contestataires ou encore la prise de position de l’Union africaine, qui fera baisser le mercure du thermomètre politique au Tchad. »

Concessions de part et d’autres ?

A contrario, Ledjely en Guinée pointe un certain apaisement. « Les deux camps semblent avoir tiré les enseignements de la journée agitée que le Tchad a vécu mardi, relève le site guinéen. D’un côté, la junte que commande le général Mahamat Idriss Deby Itno, en raison des nombreuses condamnations de la répression, réalise que tout ne lui est pas permis. De l’autre, les opposants, avec la dizaine de morts qu’ils déplorent, doivent avoir compris que le camp en face ne fait pas que dans les menaces stériles et que, pour en venir à bout, le sacrifice humain sera important. Conséquence, relève le site guinéen, les deux bords ont consacré la journée d’hier mercredi à l’introspection et à la réévaluation de la stratégie. Faut-il persister dans la logique du jusqu’au-boutisme ? Ainsi, du côté des autorités, si la place prépondérante du CMT dans la gestion de la transition demeure la ligne à ne pas franchir, on semble cependant désormais enclin à accepter le principe de la tenue des manifestations, pointe Ledjely. On exige juste que les organisateurs sachent canaliser leurs ouailles. Quant à l’opposition, ce mercredi, elle a persisté à maintenir la pression, mais davantage par les discours et les dénonciations que par les descentes dans la rue. »

Le « oui mais » de la France

Et le rôle de la France dans tout cela ? « Au nom de la stabilité et de la sécurité dans la sous-région où le Tchad reste un maillon important de la chaîne antiterroriste, Paris a apporté son soutien au CMT, rappelle L’Observateur Paalga au Burkina. Mais pas à n’importe quel prix, a tenu à rappeler mercredi le locataire de l’Élysée. (…) Petit Déby doit donc savoir que le soutien du Coq gaulois condamné, il est vrai, à veiller au grain dans sa basse-cour tchadienne, n’est pas définitivement acquis et qu’il lui faudra donc donner des gages d’ouverture et de bonne gouvernance pour une transition apaisée et consensuelle. »

Sombre tableau…

Enfin, pour Cécile Petitdemange, spécialiste du Tchad, interrogée par Jeune Afrique, cette « transition annoncée interroge. Le Conseil militaire de transition s’inscrit, a priori, dans les lignes de continuité du système Déby. La France, elle, brille par la constance de son impérialisme.

L’opposition civile, prise en étau entre le pouvoir des armes et la realpolitik française, devra peser de tout son poids pour renouer avec cette occasion historique de dialogue politique. Le tableau est sombre, conclut-elle, et Ndjamena retient son souffle. »

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