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À la Une: le Maghreb prend fait et cause pour Gaza

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Des milliers de Marocains dans la rue à Rabat en solidarité avec les Palestiniens à Gaza, le 15 octobre 2023.
Des milliers de Marocains dans la rue à Rabat en solidarité avec les Palestiniens à Gaza, le 15 octobre 2023. © AP/Mosa'ab Elshamy
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« Où qu’on aille au Maghreb, il y a très souvent le blanc, le vert, le noir et le rouge du drapeau palestinien, relève Le Point Afrique. Dans les locaux d’associations sportives, dans les stades, au siège des partis politiques, dans les bâtiments publics, dans les maisons, etc. : les opinions publiques des cinq pays (du nord du continent) ne font qu’une sur ce sujet. (…) Et face à l’afflux d’images des habitations de Gaza City devenues des cimetières urbains, les manifestations se multiplient au Maghreb. Le fait n’est pas si fréquent, remarque encore Le Point Afrique, aucun pays de cette région n’étant une démocratie. Le droit de manifester est uniquement lié au bon vouloir des autocrates. »

Indignation profonde

Dernière manifestation en date : « Une impressionnante marche de solidarité » s’est déroulée hier dimanche à Rabat, pointe le site marocain Media 24. Des dizaines de milliers de personnes ont défilé dans la capitale, la marche la plus massive depuis que le Maroc a normalisé ses relations avec Israël il y a trois ans.

Pour le quotidien L’Opinion, « la foule impressionnante, qui s’est rassemblée hier à Rabat, a clairement marqué son opposition aux attaques systématiques et à l’escalade de l’horreur qui sévit dans la région. Ce rassemblement massif est le reflet de la profonde indignation ressentie par les Marocains face aux souffrances endurées par les civils palestiniens. Les manifestants, en exprimant leur solidarité, ont également adressé un message fort de condamnation envers les actes de violence et d’agression en cours ».

Les accords d’Abraham biaisés dès le départ ?

En effet, rappelle le magazine Tel Quel, « le Maroc, signataire des accords d’Abraham, a normalisé ses relations avec Israël en 2020. Son partenariat avec l’État hébreu, bien que naissant, a d’ores et déjà débouché sur une alliance militaire et, de la part d’Israël, d’une reconnaissance de la marocanité du Sahara. Comme pour les autres pays signataires des accords d’Abraham (Soudan, Bahreïn, EAU), la position du royaume paraît délicate, relève l’hebdomadaire marocain. Son évolution dépendra de l’intensité des représailles infligées par Israël à Gaza. Qu’elles aillent trop loin, tendant vers une boucherie sans nom (et on semble s’y diriger), un état de siège total prolongé, une privation sans fin des Gazaouis d’eau, d’électricité et de nourriture, etc., et le Maroc, comme les Émirats arabes unis, le Soudan et Bahreïn, devront réviser ces accords, quand bien même seraient-ils bénéfiques à ces pays.

Dans le même temps, poursuit Tel Quel, ce conflit ne peut faire l’économie d’une solution politique incarnée par la coexistence de deux États souverains. La faute des accords d’Abraham fut de ne rien avoir inclus dans le package pour les Palestiniens. Au fond, Israël a cru pouvoir se refaire une virginité parmi les pays arabes, sans rien céder sur la cause palestinienne. Sa faute, pointe encore l’hebdomadaire marocain, celle de la communauté internationale, celle des États-Unis, de l’ONU et des pays arabes signataires ou pas des accords d’Abraham, fut de croire que le statu quo était en soi un mode de règlement du conflit ».

Mali, Burkina Faso, Niger : vers une fédération ?

À lire également dans la presse du continent cet article de La Nouvelle Tribune au Bénin, largement repris dans la presse malienne, avec ce titre en forme de question : « Mali, Burkina, Niger : isolés, les trois pays vont-ils devoir se fédérer ? (…) Alors que les tensions continuent de monter entre le Mali et la France, le Burkina Faso et la France, mais aussi désormais entre le Niger et la France, ces trois pays font face à un isolement croissant sur la scène internationale. Pourrait-il être temps pour eux, donc, s’interroge le quotidien béninois, d’envisager une union fédérale, en réponse à ces pressions extérieures ? (…) Selon le Premier ministre burkinabè, une telle union pourrait dynamiser l’économie de la région, pivot de toute évolution sociale. (…) La région est à un carrefour, pointe encore La Nouvelle Tribune. Les États-Unis et d’autres acteurs internationaux ont montré clairement qu’ils soutenaient les gouvernements démocratiquement élus. Mais avec ces trois pays d’Afrique de l’Ouest confrontés à une tel isolement, la proposition d’une fédération pourrait bien être leur meilleure chance de résister en cette période tumultueuse. »

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