À la Une: l'urgence humanitaire au Maroc après un séisme dévastateur
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« Déjà plus de 2 500 morts, des villages entiers détruits et des milliers de blessés et de sans abri », rapporte le Suddeutsche Zeitung. C'est toute « la tragédie » du Maroc, frappé par un puissant séisme vendredi dernier, qui s'affiche en Une de l'ensemble de la presse internationale, avec ces images de dévastation, ces Marocains sous le choc errant au milieu des ruines. Car si les secours s'activent pour retrouver des survivants, dans de nombreux villages de montagne du Haut Atlas, au sud de Marrakech, à l'épicentre du séisme, « l'aide a toujours du mal à arriver », souligne l'envoyé spécial du Guardian à Moulay Brahim, un « village rural, très pauvre de 3 000 habitants », désormais réduit « à un amas de ruines sablonneuses ».
Les survivants dorment toujours dehors, « grelottant dans la fraîcheur des nuits de montagne » et « en état de choc », après avoir dû eux-mêmes, « à mains nues », dégager les victimes ensevelies. Avec le sentiment d'avoir été « abandonnés », souligne également le reporter du Washington Post qui évoque « la colère et le désespoir » de ces populations du Haut Atlas, « où il n'y a toujours aucun signe des équipes de secours promises par le gouvernement ». Certaines des zones les plus touchées « ne sont accessibles que par hélicoptère », note de son côté le New York Times, qui évoque « une situation catastrophique » avec, dans ces zones reculées, « des populations presque entièrement abandonnées à leur propre sort ».
Le silence de Mohammed VI et une aide internationale entravée
« Le Palais royal est resté silencieux tout le week-end et seules des images du roi présidant des réunions d'urgence ont été diffusées sur les réseaux, mais sans prise de parole du souverain », note le Washington Post, qui souligne « qu'alors que les offres de soutien ont afflué du monde entier, les autorités marocaines n'ont accepté pour l'heure qu'une poignée de pays », « dont le Qatar, les Émirats, l'Espagne et le Royaume-Uni », mais pas la France, même si Paris réfute aujourd'hui « toute querelle diplomatique » avec le Maroc. « Le Maroc attend toujours Mohammed VI », titre El Pais, qui pointe lui aussi « le silence du gouvernement marocain ».
Le Suddeutsche Zeitung déplore que « Rabat fasse encore preuve de retenue en matière d'aide internationale ». Face à la tragédie et à l'urgence, « des Marocains dénoncent sur les réseaux une réponse lente et non coordonnée », rapporte le New York Times, qui souligne que Washington attend encore le feu vert de Rabat pour apporter son aide. Une « aide internationale qui va être cruciale », estime Le Temps, à l'instar de La Repubblica, qui rapporte toute l'inquiétude d'un Marocain face au pouvoir centralisateur du roi, « qui décide de tout ». « S'il ne décide pas, rien ne se passera », dénonce-t-il, en se demandant « qui va donner un logement demain au millier de personnes déplacées et sans abri ».
La diaspora solidaire alors que la reconstruction devrait prendre des années
« La communauté se serre les coudes », explique un habitant du Haut Atlas dans le Washington Post. « Les familles marocaines installées en Europe ont envoyé de l'argent, alors que sur place les voisins ont ouvert leurs maisons et leurs garde-mangers aux sinistrés ». En France notamment, où « les binationaux franco-marocains et les étudiants sont nombreux, la solidarité joue à plein et plusieurs régions ont déjà annoncé qu'elles mettaient à disposition de l'aide humanitaire », rapporte le Guardian, alors que « pour les survivants, la question pressante reste de savoir quand ils recevront une aide significative et qui reconstruira leur village en ruine », souligne le quotidien britannique.
Une reconstruction qui « pourrait prendre des mois sinon des années », estime la Croix-Rouge pour l'Afrique du Nord, « alors que la perspective de reconstruire dans des villages isolés et incessibles semblent encore plus difficile », rapporte le New York Times. « Il faudra des années pour que les régions sinistrées s'en remettent », analyse un spécialiste dans le Wall Street Journal, qui redoute même « l'effondrement économique de ces régions du Haut Atlas », très pauvres et qui dépendent des touristes, « qui viennent pour le ski ou pour les randonnées ». « Tous ces villages d'accueil sont aujourd'hui complètement détruits », note le quotidien américain, « une catastrophe économique quelques semaines avant la haute saison de ski, et alors que secteur commençait tout juste à se remettre de la pandémie de Covid ».
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